L'aviation française a donné une nouvelle impulsion à son action militaire en Libye en bombardant une base aérienne du centre du pays et en abattant un avion au sol sur l'aéroport de Misrata, dans l'ouest du pays. Au sixième jour de l'opération "Harmattan", des missiles ont été lancés dans la nuit sur une base aérienne située dans les terres, à environ 250 km au sud des côtes libyennes, a annoncé le porte-parole de l'état-major français lors d'un point de presse à la mi-journée. "Cette nuit, deux patrouilles de Rafale et une patrouille de Mirage 2000-D ont conduit des missions de frappes", a dit Thierry Burkhard. "Une mission coordonnée visait à attaquer une base aérienne à l'intérieur du territoire libyen". L'officier n'a pas précisé les dégâts liés à ces frappes, conduites avec des missiles Scalp (Système de croisière conventionnel autonome à longue portée). Dans l'après-midi, le site internet du ministère de la Défense annonçait la destruction au sol par un Rafale d'un avion des forces de Mouammar Kadhafi. "La patrouille française a réalisé une frappe air-sol (...) alors que l'avion de combat de la force du colonel Kadhafi venait d'atterrir sur la base militaire aérienne de Misrata", peut-on lire. Cette base est située dans l'ouest de la Libye, sur la côte méditerranéenne. PAS DE NOUVELLE PHASE Ces deux actions montrent une évolution géographique des zones de survol de l'armée française, qui se limitaient officiellement jusqu'à présent à la région de Benghazi, fief des rebelles libyens dans l'Est. Menés depuis samedi dernier, les vols avaient consisté à faire de la reconnaissance et à imposer une zone d'exclusion aérienne moyennant des frappes qui ont conduit à la destruction d'une dizaine de blindés libyens, selon un bilan établi mercredi par le ministre de la Défense, Gérard Longuet. Le caractère plus offensif des opérations les plus récentes ne signifient pour autant l'entrée dans une nouvelle phase de l'opération, selon le colonel Burkhard. "On n'est pas en train de changer de phase. On est bien dans le cadre de la résolution" 1973 des Nations unies votée jeudi dernier, a-t-il dit. "On se situe pleinement dans la continuité de notre action", a-t-il souligné, tout en reconnaissant que "l'effort porte désormais clairement sur le volet attaque au sol". Les opérations françaises sont conduites essentiellement au départ de Solenzara, en Corse, et des bases aériennes d'Istres, Avord, Nancy et Saint-Dizier. Depuis mardi, des avions décollent aussi du porte-avions à propulsion nucléaire Charles-de-Gaulle, basé au large des côtes libyennes. LES FIDÈLES DE KADHAFI "VACILLENT" Le point de presse hebdomadaire de la Défense a été introduit par un discours du ministre Gérard Longuet, peu loquace depuis le début de l'intervention armée en Libye. "L'homme politique que je suis devait avoir un peu de recul sur les événements pour pouvoir s'exprimer", a expliqué le ministre, nommé fin février à la place d'Alain Juppé, désormais aux Affaires étrangères. Plus tôt dans la journée, il avait estimé sur Europe 1 que les écoutes réalisées par la coalition donnaient le sentiment que le moral des troupes encore fidèles à Mouammar Kadhafi chancelait. "On sent que ça vacille", a-t-il dit. A l'heure d'un premier bilan, Alain Juppé a estimé quant à lui que les opérations militaires contre les forces de Mouammar Kadhafi pourraient se compter en semaines, mais pas en mois. "La destruction des capacités militaires de Kadhafi, ça peut se compter en jours, en semaines, certainement pas en mois", a-t-il déclaré devant des journalistes à son ministère. La crise libyenne sera le sujet principal d'un dîner de travail du Conseil européen ce jeudi soir à Bruxelles. Le président français Nicolas Sarkozy, en première ligne dans ce dossier, interviendra à cette occasion. (Reuters)