La Cours des Comptes devra publier incessamment son prochain rapport. Le suspense bat son plein. C'est devenu un rituel : la publication du rapport de la Cours des comptes est attendu chaque année au mois de mars. Des sources bien informées avancent qu'il serait déjà entre les mains du conseiller du souverain, Mohamed Mouatassim. L'ultime étape avant son approbation par le roi. Après quoi Ahmed El Midaoui, président de la Cours des comptes, le rendra public. A n'en pas douter, le prochain rapport devra épingler, comme à l'accoutumée, la gestion administrative, comptable ou financière de certains organismes publics. Tout y passe : ministères, administrations, entreprises publiques et autres concessionnaires ou associations bénéficiant de subventions publiques. Le rapport de la Cours des comptes donne souvent lieu à un débat public passionné et passionnant, puisqu'il pointe du doigt toutes sortes d'irrégularités, de défaillances et de mauvaise gestion dans la conduite des affaires publiques. Mais ce qui exaspère le plus l'opinion publique nationale est la suite à donner aux remarques et autres observations du rapport. En effet, en l'absence de poursuites judiciaires, de sanctions et de mise en examen des responsables mis en cause, d'aucuns s'interrogent sur l'utilité même d'un tel exercice. Il n'en demeure pas moins que le rapport de la Cours est un excellent moyen pour conférer à la gestion des deniers publics plus d'efficience et d'efficacité. La moralisation de la vie publique n'en est que bien installée dans les mœurs et les gestes quotidiens de nos responsables. La cours, pourquoi faire ? Le travail mené par l'institution de Ahmed El Midaoui a montré bel et bien que lorsque la volonté politique y est, les démarches de rationalisation des dépenses et de lutte contre la gabegie deviennent une réalité tangible. L'exemple de l'ONDA est édifiant à cet égard. «La Cour des comptes est devenue une force de rappel et un exercice salutaire dans la mesure où elle crédibilise l'édifice démocratique», souligne un observateur averti. Il n'empêche qu'à l'occasion de la publication du rapport de la Cours des comptes, des voix montent au créneau pour faire part de leur critiques ou reproches. Et c'est le cas notamment de Transparency Maroc qui, l'année dernière, tout en saluant le travail de l'institution de M. El Midaoui, estimait qu'il «doit y avoir une suite judiciaire. Sinon, sa crédibilité en sera affectée». L'association qui lutte contre la corruption au Maroc émet le souhait que les révélations du rapport soient suivies de mesures concrètes. «La nature pénale de plusieurs faits rapportés justifie manifestement l'engagement de l'action publique à l'encontre de leurs auteurs ainsi que la restitution des biens publics détournés», lit-on dans un communiqué de Transparency Maroc. A rappeler que le dernier rapport de la Cours des comptes, au titre de l'exercice 2008 publié en mars 2010, fait état de plus de 130 missions de contrôle de gestion qui ont été effectuées en 2008. De nombreux établissements publics et collectivités locales y ont été épinglés pour des «irrégularités» dans leur fonctionnement, comme la mauvaise gestion ou les négligences. En tête de ces organismes, il y a la Marocaine des jeux et des sports. La Société nationale de transport et de logistique (SNTL), l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, l'Office national des aéroports (ONDA) ou encore le ministère de l'Energie et des Mines, font partis également des établissements mis en cause par la Cours des comptes. Said El Hadini (Le Temps)