Menacés d'emprisonnement pour dettes impayées, les gérants des «pisris» modernes multiplient les actions de protestation. L'affaire Hanouty, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre, prend des proportions de plus en plus graves : le président de l'Association nationale Hanouty, Mohamed Elamrini vient d'être emprisonné pour émission d'un chèque sans provision. Et l'association affirme que plusieurs autres franchisés, incapables d'honorer leurs dettes, courent le même risque. Les gérants insolvables de cette chaîne de «pisris» modernes crient à l'arnaque et reprochent l'excès de centralisme de la part de leur franchiseur. Les gérants doivent en effet passer leurs commandes auprès d'une seule centrale d'achat. Or, selon eux, elle propose des produits à des prix supérieurs à ceux du marché, et dont la date de péremption est trop proche pour les plus frais d'entre eux. Autre grief, les délais d'approvisionnement pourraient atteindre deux semaines pour les Hanouty les plus lointains. Résultat, hormis les Hanouty shop du centre de la capitale économique qui peuvent enregistrer un chiffre d'affaires quotidien de 6000 DH, ces épiceries ne marchent pas. Les gérants, confrontés à une situation financière difficile, se retournent contre leur franchiseur. Cahier des charges pesant Ces «victimes» de Hanouty ont décidé de se mobiliser et organisé plusieurs sit-in devant le siège de BMCE Bank à Casablanca. Pour Brahim Benjelloun Touimi, administrateur directeur général de la banque, qui défend sa compagnie, les contestataires se trompent de destination. «La relation entre les franchisés Hanouty et la BMCE reste purement commerciale, et la BMCE n'est qu'un actionnaire», déclare-t-il. C'est ce que nous affirme un ex-franchisé de Hanouty, qui a requis l'anonymat. Il accuse l'étude initiale qui ressort une rentabilité par m2 insuffisante pour couvrir les charges et dégager du profit. «Les malchanceux seront plus nombreux, je l'ai compris dès ma première lecture du contrat, nous a-t-il déclaré, avant d'ajouter, il est clair depuis le début que des cas d'insolvabilité allaient surgir, le business plan de Hanouty comportait plusieurs défauts depuis le début, c'est la raison qui m'a poussé à mettre fin à mon contrat». Une chaîne à vendre ? De son côté, Jaouad Bennis, Directeur général de Hanouty, nous a déclaré que sa société n'a aucune responsabilité à prendre quant à l'incarcération de l'un de ses franchisés. Quant à la situation de Hanouty, il ajoute que le management de la chaîne de distribution n'a rien à communiquer pour l'instant. Tout prête pourtant à croire qu'un remodelage s'opère au niveau de la stratégie de déploiement, surtout que les objectifs initiaux paraissent trop ambitieux pour les réalisations actuelles. On compte seulement 150 franchises Hanouty sur tout le territoire du royaume, alors que le groupe de OthmanBenjelloun espérait en créer 3000 au bout de 3 ans de sa création en 2007. Les actionnaires de Hanouty envisageraient même la cession de la chaîne. Et, de leur côté, on affirme que des actionnaires seraient «intéressés» par le deal. En attendant les pourparlers entamés entre la direction générale de Hanouty et les franchisés n'ont pas porté leurs fruits et les actions de protestation se poursuivent. L'Association prévoit de nouveaux sit-in et a d'ores et déjà impliqué le groupe socialiste au parlement. Or il n'est de l'intérêt d'aucune partie que le conflit continue, surtout que le réseau constitue actuellement un actif non négligeable au cas où les actionnaires confirmeraient une cession. Omar Radi