Hassan Bennajeh: «Les questions ont porté sur la caravane de Gaza et notamment sur les préparatifs de la seconde caravane». Au lendemain de leur retour, les trois membres d'Al Adl Wal Ihassane avaient annoncé l'imminence d'une seconde caravane qui pourrait être maghrébine. L e ton monte entre les disciples de Abdeslam Yassine et les autorités. Telle une telenovela mexicaine, le «je t'aime, moi non plus» que jouent les deux antagonistes voilà des années, est appelé à s'étaler dans le temps et l'espace. La dernière interpellation date de la semaine précédente, lorsque la police a procédé, durant trois jours, à l'interrogatoire d'un adepte de la Jamaâ. Une interpellation de plus dans les rangs de l'association Al Adl Wal Ihssane désormais habituée aux coups de filets dans plusieurs villes du royaume. Sauf que l'adepte interpellé cette fois-ci, Hassan Jabri, figure parmi les sept Marocains ayant participé au convoi humanitaire à destination de Gaza attaqué par l'armée israélienne. «Sous prétexte d'un banal accident de circulation, Hassan Jabri a subi durant trois jours des interrogatoires de plusieurs heures par des agents représentant tous les corps de la sécurité dans les locaux de la préfecture de sûreté de Rabat : le lundi de 14 heures à 2 heures du matin du mardi; le même jour de 9 heures du matin à 21h30 et le mercredi de 14 heures à 17heures pour qu'il retrouve enfin la liberté», assure Hassan Bennajeh, un membre de l'association. La même source ajoute que «les questions ont porté sur la caravane de Gaza et notamment sur les préparatifs de la seconde caravane». Hassan Jabri, outre sa participation à la caravane de Gaza, est membre de la direction du Conseil de l'instance arabe de la reconstruction de Gaza et de l'Instance marocaine pour le soutien des causes de la Oumma, une entité islamiste qui chasse sur le même terrain que l'association de Khalid Soufiani. Manifestement, les autorités marocaines voient d'un mauvais oeil que l'éventualité d'une seconde caravane de Gaza ait pour point de départ le Maroc. Pour mémoire, au lendemain de leur retour, les trois membres d'Al Adl Wal Ihassane avaient annoncé, lors d'un point de presse, l'imminence d'une seconde caravane qui, à défaut d'être à cent pour cent marocaine, pourrait voir la participation de Maghrébins, notamment les Algériens. La flottille humanitaire de fin mai à destination de Gaza comptait un navire algérien avec à bord 32 ressortissants de ce pays. «L'interrogatoire de Hassan Jabri n'est que le prolongement des restrictions opérées par les autorités lors de l'arrivée des Marocains ayant participé à la caravane de Gaza à l'aéroport Mohammed V», estime Hassan Bennajeh. Notre interlocuteur précise que l'interrogatoire de trois jours de Hassan Jabri s'inscrit dans le droit fil de la campagne menée par les autorités contre l'association marquée par les nombreuses arrestations dans les rangs des disciples de Abdeslam Yassine. En relation avec la caravane de Gaza, la même source rappelle que les autorités ont interdit à plusieurs disciples de Yassine de franchir le pont séparant Salé et Rabat, le lieu de la marche du 7 juin. «La manoeuvre visait à réduire au maximum le niveau de participation de l'association lors de cette marche», assure notre interlocuteur. Caravane de Gaza et la Jamaâ Contourner le blocus de l'Etat Désormais, c'est sur l'échiquier international que l'association Al Adl Wal Ihssane pousse doucement mais sûrement ses pions. L'attaque de la caravane de la liberté par l'armée israélienne est en effet du pain béni pour la Jamaâ. Elle lui a permis de forcer le blocus décrété contre elle par les autorités marocaines. Médiatiquement, les disciples ont réussi à contourner le silence des médias officiels sur la participation des membres de l'association à la caravane humanitaire de Gaza, et ce grâce à la presse indépendante. Durant les premiers jours suivant l'attaque israélienne, 2M et Al Oula s'étaient contentées de parler des 32 Algériens et des Turcs uniquement mais point de mot sur le sort des sept Marocains. Diplomatiquement, Al Adl Wal Ihassane tente de rivaliser avec le pouvoir sur un dossier aussi sensible que la Palestine. Complicité islamiste oblige, les disciples de Yassine concentrent leurs efforts d'abord sur Gaza. La Bande est tenue, faut-il le rappeler, par Hamas. Des frères musulmans à la sauce locale.