Visite inédite du chef de la ligue arabe. Moussa a été accueilli par les dirigeants du Hamas et par des représentants d'autres factions palestiniennes. «La réconciliation entre factions palestiniennes est fondamentale, c'est une question de volonté et pas simplement de signature». Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a exigé la levée du blocus imposé depuis quatre ans par Israël à la bande de Gaza et appelé à la réconciliation interpalestinienne, lors d'une visite sans précédent dans cette enclave. «Il faut briser ce blocus», a plaidé Moussa après avoir traversé la frontière entre l'Egypte et le territoire palestinien. «Non seulement les Arabes, mais le monde entier doit soutenir le peuple palestinien contre le blocus de Gaza et face à ce qui se passe dans les territoires occupés, en particulier à Al Qods-Est», a affirmé le haut diplomate égyptien. C'est la première fois qu'un chef de la Ligue arabe se rend dans la bande de Gaza, au moment où la communauté internationale fait pression sur Israël pour alléger le blocus qui frappe 1,5 million de Gazaouis dont la plupart dépendent de l'aide étrangère. Moussa a été accueilli par les dirigeants du mouvement islamiste Hamas, qui a pris le contrôle de Gaza en juin 2007, ainsi que par des représentants d'autres factions palestiniennes. Le Hamas s'est réjoui de ce «pas officiel arabe vers la levée du blocus». «Nous espérons que cette visite produira des résultats concrets», a dit le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, après un entretien avec Moussa. Ce dernier a découvert des zones dévastées par l'offensive de l'armée israélienne il y a 18 mois qui a endommagé ou détruit des milliers d'habitations. Plus de 1.400 Palestiniens et 13 Israéliens avaient été tués. Durant sa visite de quelques heures, il a rencontré des responsables d'ONG, de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et les leaders des principaux mouvements palestiniens, avant de regagner l'Egypte dans la soirée. «La réconciliation [entre factions palestiniennes] est fondamentale, c'est une question de volonté et pas simplement de signature», a estimé Moussa. Le Hamas et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas sont à couteaux tirés depuis que le mouvement islamiste a délogé les forces loyales à Abbas de Gaza il y a trois ans. Négocié depuis des mois sous l'égide de l'Egypte, l'accord de réconciliation a été reporté à trois reprises en raison des profondes divergences. Le Hamas refuse de signer le document paraphé par Le Caire et le Fatah. La visite de Moussa — en signe de «solidarité» — survient après le raid israélien contre une flottille humanitaire internationale en route vers Gaza le 31 mai, dans lequel neuf Turcs ont péri. Il a été décrété en juin 2007, lors de l'arrivée au pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza. Pour affaiblir le mouvement islamiste, notamment responsable de tirs de roquettes sur son territoire, le gouvernement israélien a ordonné la fermeture de tous les points de passage entre Gaza et Israël et a limité le nombre de produits autorisés à entrer sur le territoire. Arguant de sa sécurité, Israël refuse de publier la liste des produits autorisés ou interdits. Les critères de classification, qui fluctuent, sont donc laissés à l'arbitraire des autorités israéliennes. Environ 40 produits seraient désormais autorisés, contre 4.000 avant le blocus. En compilant les informations de plusieurs organisations internationales, la BBC a établi de son côté une liste de 80 produits. Le blocus vise d'abord à empêcher le Hamas de s'armer. Il empêche donc l'importation de produits pouvant servir à la fabrication de roquettes, comme l'acier, ou d'explosifs, comme les engrais. Mais les interdictions portent également sur ce qu'Israël considère comme des produits de luxe. Ainsi par exemple du coriandre, du chocolat et du café soluble. «Ils ne seront pas consommés par le public mais seulement par les dirigeants du Hamas riches et corrompus», expliquait récemment un commandant de l'armée israélienne. Nous espérons que cette visite produira des résultats concrets», Ismaïl Haniyeh.