Plusieurs départements gouvernementaux ont reçu la liste des noms et CV de quelque 1.200 cadres chômeurs. Les noms des diplômés retenus pour chaque secteur seront publiés au cours de cette semaine. l L'Enseignement, l'Intérieur, la Justice, la Santé et la Délégation générale des prisons leur ouvrent la porte. Fin d'un calvaire qui n'aura que trop duré. A compter d'aujourd'hui, lundi 14 juin, plusieurs départements gouvernementaux devraient publier la liste des cadres diplômés en chômage qu'ils auront retenus sur une liste globale de 1.265 cadres. Ce sont les termes d'une entente dont l'annonce a été faite vendredi et conclue entre les représentants des diplômés et un représentant du Premier ministre, Abdeslam Bekkari, également membre du Comité exécutif de l'Istiqlal. Une proposition d'entente avait été soumise aux diplômés lors d'une réunion le 31 mai dernier, juste avant que le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, ne proclame devant le Parlement que l'équipe El Fassi était décidée à prendre à bras-le-corps ce problème. De réunion en réunion, les deux parties, les représentants des chômeurs et le négociateur dépêché par Abbas El Fassi, ont fini par aboutir à un accord. C'est ainsi que 1.200 cadres environ, détenteurs de diplômes de l'enseignement supérieur, master, DESS et doctorat, seront intégrés immédiatement et directement dans la fonction publique. «Deux critères de sélection ont été retenus», précise Rachid Eladouni, porte-parole du groupe Chouâla, l'un des dix groupes représentant ces diplômés. Le premier critère est basé sur l'ancienneté des groupes (les premiers à avoir battu le pavé ont été les premiers servis) et le second est la nature du diplôme et seuls ceux antérieurs à l'année 2009 ont été retenus. Ce qui pose un problème à deux groupes, puisque certains de leurs membres ne sont pas sélectionnés», explique notre source. Dans les faits, des listes de diplômés et leurs CV ont été envoyés à plusieurs départements: l'Enseignement, l'Intérieur, la Justice, la Santé et la Délégation générale des prisons. «Chacun de ces départements puisera dans la liste selon ses propres besoins. Il publiera ensuite la liste des personnes retenues», explique notre interlocuteur. Procédure qui devrait commencer à compter de ce lundi. Et vers la fin de la semaine, chacun des diplômés chômeurs aura connu sa destination. Les affectations devraient intervenir ensuite, dans les jours à venir. «L'ensemble de ces diplômés seront intégrés puisque la liste objet de l'entente entre le Premier ministre et les groupes de diplômés est nominative», assure notre source. Une douloureuse épine dont Abbas El Fassi se sera définitivement débarrassé. Le problème était d'autant plus embarrassant pour son équipe que les diplômés ayant épuisé tous les modes de contestation avaient décidé de tenter un suicide collectif, par immolation, devant le Parlement. Auparavant et durant ces deux dernières années, les cadres chômeurs ont usé de toutes les formes de protestation possibles et imaginables, dont les fameux assauts répétitifs contre le siège de l'Istiqlal. Le Parti du Premier ministre a même été obligé de surélever l'enceinte des murs et renforcer les portes d'entrée de son siège. Entre- temps, Driss Guerraoui, conseiller à la Primature, se démenait pour trouver un terrain d'entente avec les représentants des diplômés. Il avait été rejoint, plus tard, par le bras droit d'El Fassi, Chiba Mae El Ainine, alors que les assauts contre le siège de l'Istiqlal prenaient un caractère spectaculaire. Les négociations ont repris et de concessions en engagements, de part et d'autre, les deux parties ont finalement conclu une trêve. Le Premier ministre s'était engagé, à travers ses représentants, à accorder aux cadres chômeurs un quota de 10% des quelque 24.000 postes d'emplois à créer dans le cadre de la loi de Finances 2010. En avril dernier, ne voyant rien venir, ces derniers ont renoué avec les protestations. Abdeslam Bekkari rejoindra alors l'équipe des négociateurs, côté Primature, et les pourparlers ont repris. Au même moment, le dossier fait de nouveau son entrée au Parlement. Le PAM se saisit de l'affaire et en profite pour régler quelques comptes avec Abbas El Fassi. Selon le parti du Tracteur, l'entourage du Premier ministre aurait laissé entendre que c'était le ministre «pamiste» Ahmed Akhchichine qui bloquait l'opération d'intégration des diplômés. Ce à quoi les amis de Cheikh Biadillah ont rétorqué que Abbas El Fassi aurait privilégié les siens, (les membres de son parti), suscitant ainsi l'ire des autres diplômés. Réaction de ces derniers: «Notre problème est éminemment social. Nous avons gré à tous les partis politiques qui nous ont soutenus, mais refusons de jouer le rôle d'un pion que les uns et les autres font glisser sur l'échiquier politique à leur guise», affirme le porte-parole du groupe Chouâla. Fin d'un épisode peu reluisant du mandat El Fassi. Finies également les incessantes marches et manifestations des diplômés devant le Parlement. Finies les bastonnades tout aussi fréquentes et incessantes des forces de l'ordre. Les dix groupes de cadres chômeurs seront automatiquement dissouts. Place aux autres. Aberration Les dix groupes de cadres chômeurs ont fini pas imposer leur loi. Bien qu'ils aient toujours agi en dehors de la loi,les groupes agissaient, en fait, librement en dehors de tout cadre légal. Ce ne sont pas des associations à proprement dire, créées dans le cadre du dahir des libertés publiques de 1958. Elles ont, néanmoins, une structure d'association avec un bureau exécutif élu, SG, assemblées. Elles tiennent régulièrement leurs réunions et manifestent librement dans la rue. «On se contentait de remettre aux autorités locales une liste du bureau du groupe, des CV de ses membres et le nom d'une personne interlocutrice», explique un membre de ces dix groupes de cadres chômeurs. En contrepartie, les autorités locales leur donnent le feu vert pour manifester sur la voie publique. Dans certaines limites toutefois. «Les autorités ne pouvaient pas faire autrement, parce qu'il s'agit d'abord d'une problématique sociale qui pouvait, en cas de débordement, avoir des conséquences fâcheuses», explique notre source. En gros, les autorités ne voulaient pas se créer de nouveaux problèmes en interdisant ces groupes. Cela d'autant que d'autres groupes les ont déjà devancés. C'est donc une pratique tolérée, bien qu'elle soit illégale.