Il y a tout juste dix ans, l'Irak était envahi par une coalition menée par Washington au prétexte de motifs fallacieux tel que nous l'a démontré la suite. Depuis, ce pays qui a abrité l'une des plus importantes civilisations de l'histoire humaine est embourbé dans une violence qui dépasse tout entendement sans que personne ne soit en mesure d'en prédire la fin. Pourtant, le 15 février 2003, la planète a connu la plus grande manifestation de tous les temps à travers plus de 600 villes de différents pays. Les citoyens, c'est-à-dire les personnes qui ont confié leur avenir par un vote à une classe politique, ont exprimé leur désaccord avec cette expédition barbare. Malgré cela, l'invasion a eu lieu avec les conséquences que l'on connaît aujourd'hui, dans un monde qui n'a rien de meilleur par rapport à ce qu'il devait prétendument combattre. Dans quelques jours ou quelques semaines, la Syrie risque de connaître le même sort, mais la communauté internationale, les gens normaux qui ne s'expriment pas au nom d'intérêts suprêmes ou de cynisme politique mais au nom du respect de la vie n'arrivent pas à se faire entendre. Noyés dans la multitude de fronts, dans le fruit du travail des officines de désinformation, dubitatifs devant des faits et des contrefaits qui s'entrechoquent sans que l'on sache où se trouve la vérité, nous assistons peut-être à l'embrasement final de notre pauvre monde. Bourses et monnaies qui dévissent, multiplication des zones de conflits, un arrêt sur image donnerait la mesure de l'apocalypse qui s'annonce sans que cela semble inquiéter outre mesure les va-t-en guerre. La solution à la crise syrienne n'est pas militaire. Il s'agit d'une zone d'affrontement entre puissances en déclin qui préfèrent entraîner le monde dans le chaos plutôt que de se contenter de la place qui devrait être la leur. Pour mettre un terme à l'enfer syrien, la diplomatie a capitulé en finançant et armant une mosaïque de rebelles aux visions opposées. C'était une erreur. La meilleure chose serait, contrairement à 2003, d'écouter la rue, où Monsieur Tout-Le-Monde semble faire preuve de plus de clairvoyance et d'intelligence que tous ces chefs de guerre qui font des calculs partiels et court-termistes. Le Printemps arabe est la prise de parole par les peuples ainsi que l'expression de la prise en main de leur destin. Et il serait criminel de faire dire à ces centaines de millions d'êtres humains qu'ils veulent voir leur destin d'arrêter sous un tapis de bombes.