Vous êtes ici : Actualités / A La Une / L'avocat Jacques Vergès n'est plus Le brillant et néanmoins controversé avocat Jacques Vergès est mort jeudi 15 août, à Paris, à l'âge de 88 ans. Selon L'Express, il a rendu l'âme avec panache, dans la chambre même où Voltaire avait poussé son dernier soupir, le 30 mai 1778. Né en 1925 en Thaïlande, d'un père français et d'une mère vietnamienne, il a grandi à la Réunion où il a souffert du racisme colonial. À 17 ans, il s'engage dans la résistance au sein des Forces françaises libres, à Londres. Trois ans après, il adhère au Parti communiste français qui prend en charge sa formation. Il prête serment d'avocat en 1955. Le tournant algérien Appelé en Algérie pour défendre Djamila Bouhired, une jeune militante du FLN accusée d'attentats à la bombe. Me Verges adopte sa fameuse « défense de rupture ». Au lieu d'atténuer les faits reprochés à sa cliente, il transforme le procès en tribune d'accusation du colonialisme. Il est alors suspendu du barreau mais il est devenu le héros du FLN qui l'a rebaptisé « Mansour ». Sa cliente est condamnée à mort puis graciée. L'Algérie indépendante fait de lui un citoyen d'honneur et lui offre le poste de chef de département au ministère des Affaires étrangères. Il se convertit à l'Islam et épouse sa cliente qui lui a donné deux enfants. La disparition En 1970, Me Vergès disparaît pendant 8 ans de la scène publique. Les rumeurs les plus diverses courent quant à cette disparition. D'aucuns affirment qu'il fuit le Mossad qui veut sa tête pour avoir défendu des Palestiniens. D'autres le pensent en Chine. Vergès maintient soigneusement le mystère sur cette partie de sa vie, affirmant très simplement qu'il « était passé de l'autre côté du miroir » , « ... très à l'est de la France ». La thèse la plus communément admise est qu'il était au Cambodge auprès de son camarade du quartier latin Pol Pot. Si l'occident ne retient de la carrière de Vergès que le procès du nazi Klaus Barbie, pour pouvoir le qualifier d'«avocat de la terreur», son palmarès est large. Les grands procès Georges Ibrahim Abdallah, Carlos, les membres d'Action Directe et la bande à Bader, Tarek Aziz, Anis Naccache, Miloševi ou encore l'écrivain Roger Garaudy, poursuivi pour révisionnisme. On se souviendra surtout de sa plaidoirie qui a permis d'innocenter Omar Raddad le jardinier marocain accusé du meurtre de sa patronne « Omar m'a tuer ». Vergès, est un personnage complexe et très intéressant et un grand avocat qui a certes parfois défendu l'indéfendable, comme le lui reprochent ses détracteurs. Mais n'est-ce pas justement là le rôle d'un avocat ? Défendre avec passion, conviction et brio, quiconque le lui demande. Quel avocat au monde n'aurait pas rêvé d'avoir accompli cette carrière ?