Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Le frelatage alimentaire bat son plein Les actes de fraude alimentaire se sont accentués gravement durant ce dernier mois de Ramadan comparativement à celui de l'année dernière. C'est du moins ce qui ressort du dernier bilan global du contrôle sanitaire des produits alimentaires publié par l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Au niveau de l'import, les opérations de contrôle cette année se sont soldées par le refoulement de 886 tonnes et 537 kg de produits alimentaires au lieu de 73,1 tonnes et 3 305 litres de produits alimentaires, l'année dernière. S'agissant du marché local, les sorties sur terrain ont abouti à la saisie et à la destruction de 1 076 tonnes et 2 220 litres de produits alimentaires contre 187 tonnes et 1 483 litres de produits alimentaires en 2012. «Cette aggravation des pratiques frauduleuses répond en fait à un besoin du marché» comme l'a expliqué Ouadi Madih, président de l'association casablancaise de protection du consommateur (Uniconso). À son avis, ce besoin se manifeste par les attentes concrètes des consommateurs dont le pouvoir d'achat qui est très limité reste le principal ressort. L'accentuation des actions de tromperie et de falsification sous-tend un autre volet plus important cette fois-ci à savoir le contexte économique morose. La fragilité des capacités d'absorption de l'économie et son niveau très faible de création d'emploi favorisent le développement du commerce parallèle et le secteur informel en général. «Pour autant, cela ne devrait en aucun cas être le seul prétexte avancé pour la justification de ces pratiques malhonnêtes de spéculation, et par conséquent, mettre en péril la santé des consommateurs», avise Madih. Il ajoute que «certes en période de crise, exercer le commerce ambulant (ferracha), se veut être une voie salutaire, mais n'explique en rien l'écoulement des produits avariés profitant de l'absence de contrôle des autorités compétentes». Le consumérisme toujours quasi inexistant au Maroc Mises à part, la flambée des prix et la hausse notable des dépenses de consommation au cours du mois sacré, l'ignorance des consommateurs, l'inefficacité des actions et des décisions de justice, la quasi inexistence de la culture du consumérisme complique la donne. «Faute de moyens mis à disposition pour informer , orienter et sensibiliser le consumérisme est toujours quasiment inexistant au Maroc. Ce qui veut dire que les infractions et les abus se multiplieront encore dans les années à venir», remarque t-il. À ses yeux, il reste beaucoup d'efforts à déployer, bien que déjà cette année, les services de l'ONSSA ont franchi «un grand pas». «La fraude est de plus en plus importante, mais la vigilance est encore plus grande», précise-t-il. Les services de l'ONSSA, ont réalisé 6 197 sorties sur le terrain(contre 7 378) au cours desquelles ils ont inspecté 47 646 points de vente (au lieu de 45 340). Ces investigations ont abouti à la réalisation de 114 197 actes de contrôles (contre 115 998) dont 354 procès verbaux de constatations directes d'infraction (contre 474), d'après un communiqué. Au niveau de l'import, 2 510 actes de contrôle ont été effectué au lieu de 785 actes l'année dernière. Contacté par le Soir échos, Choukry Abdelaziz, responsable à l'ONSSA, commente que les services de contrôle se sont renforcés cette année. «Ayant un aspect particulier, le contrôle systématique et bien étudié cette année a donné ses fruits en raison de notre politique de ciblage des produits», détaille-t-il. Avant de conclure que «le non respect de la chaîne de froid, suivi de la méconnaissance de l'origine du produit, du non respect des conditions d'entreposage à la température réglementaire, de l'insalubrité des produits, du dépassement de la date de péremption et enfin des défauts d'étiquetage constituent les raisons principales de saisie de ces produits».