Vous êtes ici : Actualités / Edito / Les leçons de l'erreur La rapidité de l'enquête menée dans le cadre de l'affaire du pédophile espagnol exprime la volonté des autorités d'adresser un message fort à l'opinion publique, même si la révocation du délégué général à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion, Hafid Benhachem n'est certainement pas synonyme de circonscription de l'incendie. En endossant la responsabilité des erreurs de ses subordonnés, Benhachem a joué son rôle. Cependant, il est peu probable que la responsabilité incombe à un seul homme dans une chaîne aussi complexe. Sans vouloir faire de fixation sur ce sujet, l'épisode que nous venons de vivre révèle les failles dans cette chaîne qui ont fini par éclabousser l'institution royale. Il est donc vital d'en tirer les leçons pour éviter que ce qui a pu être rattrapé de justesse cette fois-ci ne se reproduise pas sous une forme ou une autre. Dans tout fonctionnement démocratique, la répartition des responsabilités incombe à différentes instances, chargées de filtrer et d'orienter les choix pour éliminer les impasses et les dangers. Dans le cas de la grâce royale, ni les ministères en charge, ni le cabinet royal n'ont joué leur rôle, permettant à cette liste d'arriver sans le tri nécessaire. En cause ? La perception que rien de ce qui touche au roi ne peut être discuté. Dans cet amalgame, la raison voudrait que la sauvegarde des intérêts de la Nation et de son roi impose de tirer les signaux d'alarme lorsque cela est nécessaire. Or, il a fallu attendre les deux communiqués du cabinet royal pour que l'on sorte de cette léthargie hypnotique dans laquelle baignait l'ensemble de la classe politique marocaine à quelques exceptions près. Depuis la nouvelle Constitution la répartition des tâches est claire entre les différents acteurs de la vie publique, mais la réalité nous rappelle que le message n'a pas encore été intégré par ses destinataires qui doivent travailler la main dans la main pour être force de proposition et même pour servir de contrepoint lorsque la raison l'impose plutôt que de se contenter de faire le dos rond et de réagir une fois que la crise est passée, pour la galerie.