Vous êtes ici : Actualités / Edito / Dysfonctionnements en série Comme à chaque catastrophe, les dysfonctionnements s'enchaînent. Dans la libération du pédophile espagnol, il y a certainement eu une erreur qui justifie la présence de son nom dans la liste soumise au roi. Que cache cette erreur, l'enquête diligentée le dira. Deuxième dysfonctionnement, dans une réaction atavique, les pouvoirs publics ont dispersé par la force, mollement certes, une manifestation pacifique, bafouant du coup la volonté du peuple et effaçant en partie les acquis obtenus depuis près de deux ans de manière civique. Là aussi, un changement doit être acté et le droit de manifestation respecté en ce sens qu'il est un exutoire pour le peuple qui cherche à faire entendre sa voix. Troisième dysfonctionnement, la réaction enregistrée est le signe d'un malaise au sein de la population marocaine qui, profitant de l'occasion, se laisse déborder émotionnellement et s'accorde des amalgames inutiles. Ce faisant, à force de digressions et de multiplication de sujets, le sujet principal risque de se retrouver noyé dans le brouhaha habituel. Relater les faits par le biais des réseaux sociaux, comme cela fut fait, est plus constructif que de se contenter de reprocher aux médias officiels de n'avoir pas réagi. Ce qui aura manqué dans le traitement de cette information, c'est d'une part la transparence et d'autre part le recul nécessaire pour dépassionner le débat et permettre aux observations de se faire dans la clarté. Par ailleurs, au nom de cette amitié maroco-espagnole et au vu de la gravité des faits reprochés à Daniel Galvan Fina, le minimum serait que la Justice espagnole prenne le relais pour ces crimes avérés, d'autant plus que d'autres plaintes pourraient être déposées contre lui. Dans l'hypothèse où ce monstre serait effectivement un espion, cela ne devrait pas le placer au dessus des lois, d'autant plus que ses agissements ne pourraient même pas être couverts par un mandat qui lui aurait été confié. Enfin, le communiqué royal, une première dans notre histoire, est la preuve de l'évolution de l'institution monarchique qui prend lien avec le peuple pour apporter son éclairage sur les faits et leur distorsion. Pour certains ce n'est pas assez, mais encore une fois, c'est l'orientation qui prime et c'est dans la durée que les institutions s'adaptent à leur environnement. Pour finir, le sursaut citoyen auquel nous avons assisté est une illustration, si besoin en était, de la vitalité des citoyens marocains. Cependant, il faut espérer que cette mobilisation ne soit pas passagère et que l'engagement se perpétue au quotidien pour exercer les contrôles qui sont de notre ressort sur nos députés et sur notre législateur pour arrimer de façon irréversible notre pays au processus démocratique en marche dans une démarche volontaire plutôt que d'être réduits à réagir au coup par coup. Il y a un temps pour l'émotion et un temps pour l'analyse, qui doit précéder l'action. Le mélange des trois ne mène que vers une impasse.