Vous êtes ici : Actualités / featured / Le roi met les pendules à l'heure Le discours du Trône est un acte exceptionnel, c'est l'adresse à la Nation, prononcé chaque année, non certes pour dresser un bilan, non point pour énumérer le florilège panoptique des actions et initiatives lancées, mais pour « acter » un travail qui a valeur de mission, rappeler aux mémoires des uns et des autres qu'il est un impératif et un seul à garder dans nos consciences : l'émergence et le développement du Maroc. Le roi est le réformateur, dans le mouvement multiforme des initiatives déployées, les unes plus significatives que les autres, simultanément ou intermittemment, dans un élan qui se veut complémentaire, parfois même en ordre dispersé, il est le régulateur ! Le discours du Trône est une profession de foi, celui prononcé mardi à Casablanca a valeur de symbole. Il est décliné à travers une vision panoptique, qui traduit la volonté de Mohammed VI de prendre la mesure des réalisations accomplies, mais aussi de « recadrer » l'action du gouvernement et de projeter un regard attentif aux perspectives. Le roi a tout d'abord souligné la «responsabilité» de l'Algérie, selon lui, dans le dossier du Sahara et évoqué «l'obstination des autres parties» comme principal motif du statu quo. La dernière résolution du conseil de sécurité «met particulièrement l'accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l'Algérie, en tant que partie concernée par ce litige», a relevé le souverain. Il a par la suite déploré «l'obstination des autres parties qui persistent à maintenir la situation en l'état». «Réaliser davantage de progrès» On ne dira jamais assez le sens de l'incitation lancée à l'adresse du gouvernement en particulier, pour qu'il continue – en fait pour qu'il s'attelle aux réformes dans le but de « réaliser davantage de progrès » ! « Le gouvernement actuel, souligne le roi, a trouvé entre ses mains, dans le domaine économique et social, un héritage sain et positif, constitué d'actions constructives et de réalisations tangibles » ! L'énoncé est clair, aussi limpide que le cristal, il serait inconvenant pour notre part de le dénaturer, mais il se veut implicitement, à coup sûr, la réponse à ces voix catastrophistes et sirènes de mauvais aloi, s'efforçant non sans peine de justifier leur inefficacité voire leur échec actuels au sein du gouvernement, ont tendance à jeter l'opprobre sur l'ancienne gestion des majorités précédentes ! Le roi a mis d'emblée les pendules à l'heure, et plutôt que de se faire le contempteur ou le complaisant, il en a appelé à l'accélération des réformes. Il n'a pas hésité à mettre le doigt sur l'une des plaies de la politique sociale : « En affirmant notre volonté d'encourager l'investissement, affirme-t-il, nous réitérons Notre appel au gouvernement pour qu'il accorde la priorité à tout ce qui est de nature à stimuler la croissance et à favoriser la création d'emplois. Il doit veiller à une complémentarité entre les impératifs de consommation locale et l'exportabilité de notre production, avec tout ce que cela induit comme effets positifs sur la balance des paiements. » Accélérer les réformes Et ce n'est pas sans continuité méthodologique, soucieux aussi de délimiter de nouveau les territoires de chacun, celui du gouvernement et le sien, qu'il revendique le privilège de réformateur des institutions. Il a souligné sa « ferme volonté de maintenir le cap afin de parachever les institutions constitutionnelles et répondre aux impératifs de bonne gouvernance » ! Non sans ajouter : « Notre détermination à préserver pour donner corps à notre projet sociétal alliant croissance économique pérenne, développement durable et solidarité sociale » ! Tout en effet est décliné à travers ce triptyque, devenu depuis quelques années maintenant le socle nodal de la philosophie royale. C'est peu de dire que les appels du roi à accélérer le processus de réformes, à agir davantage pour améliorer les conditions des citoyens, à mettre en œuvre une politique efficace, précisant même la méthode, au niveau de l'énergie solaire, de la pêche, du tourisme, des autres secteurs porteurs, et de la valorisation des ressources humaines, sont autant d'interpellations que de « mots d'ordre » ! Exonération fiscale pour les petits et moyens agriculteurs La mesure phare, qui conserve sa dimension symbolique, « révolutionnaire » même, parce qu'elle s'inscrit dans l'esprit d'une vision mise en œuvre il y a quelques années, consiste à prolonger l'exonération fiscale en faveur des petits agriculteurs. Elle participe d'un double postulat, le cœur et la raison ! Et c'est encore le roi qui nous apporte la réponse : « Ayant à cœur, dit-il, de marquer notre sollicitude pour cette catégorie de la population, nous continuerons à la faire bénéficier de l'exonération fiscale. Cette exemption cessera d'être en vigueur à la fin de l'année en cours pour les gros investissements agricoles, mais nous la maintiendrons en vigueur pour la moyenne et la petite agriculture... » ! Pluralisme culturel Le Maroc, pays de tradition culturelle, artistique et patrimoniale, voudrait-il changer de visage , qu'une certaine réalité séculaire pour ne pas dire plus, le rappellerait à l'ordre. Sa vocation est le pluralisme, à tous points de vue... Et, certainement, en ce siècle de fureurs et de chaos identitaire, le roi s'est fait fort de rappeler à tout un chacun que le Maroc, terre d'accueil, est celui de la diversité, et du brassage. Et celui aussi de la culture, avec tout ce que ce paradigme comporte de diversité et de multiple... C'est tous dans l'un et l'un dans tous... Les vertiges identitaires, surgis ici et là, sont l'effet de sociétés fragiles et sans substances. D'où leur éclatement, leur déperdition... « Ad hominem », le roi défend également la dignité de l'homme sous l'angle de la culture « Le Maroc, riche de son identité plurielle aux multiples affluents linguistiques et ethniques, possède un patrimoine culturel et artistique digne d'admiration. Il appartient donc au secteur culturel de traduire concrètement cette diversité. Il devrait encourager toutes les formes d'expression créatrices, aussi bien celles en harmonie avec notre patrimoine séculaire que celles en phase avec le goût moderne, dans ses styles et ses genres, multiples et variés, et ce, dans une démarche où se conjuguent et se complètent les traditions ancestrales et les créations modernes » !