Vous êtes ici : Actualités / Edito / Le miracle de Kerry Après trois ans de silence, les pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens vont paraît-t-il reprendre, grâce à l'entregent de John Kerry. Pourtant, que ce soit d'un côté ou de l'autre, personne ne semble y croire, cherchant sûrement déjà les arguments pour rejeter l'échec programmé sur la partie adverse. Mais les lignes bougent petit à petit, obligeant les dirigeants israéliens à composer avec une pression internationale, certes timide et timorée, mais existante. La récente décision de l'Union européenne de se conformer formellement au droit international en exigeant la mention claire de l'origine des produits afin d'exclure des accords ceux qui proviendraient des colonies illégales est un de ces signes qui comptent. A long terme, il est certain que l'oppression israélienne ne pourra pas perpétuellement échapper au droit. Aujourd'hui est peut-être venu le temps de cesser de présenter les deux protagonistes comme deux belligérants « égaux » et de nommer clairement l'agresseur, qui défie les résolutions internationales et le droit en toute impunité, et l'agressé, qui subit les conséquences de cette situation catastrophique sans possibilité d'y mettre un terme. Cette étape serait importante, parce qu'elle poserait formellement la question de la responsabilité et comme prétend le Premier ministre israélien, sans grande conviction, mettre un terme à ce conflit est dans « l'intérêt stratégique » des deux parties. Pour autant, il ne faudra rien attendre de concret de cette reprise, sinon une nouvelle série de navettes entre les capitales américaine, israélienne et palestinienne, qui pourrait même se solder par un Nobel de la Paix pour John Kerry, même si sa mission n'aboutit pas. Mais dans la configuration actuelle du monde et du Moyen-Orient en particulier, il sera de plus en plus difficile à Washington de maintenir son aide inconditionnelle à son allié dans un système bien rodé de « deux poids deux mesures », en exigeant des autres acteurs de la région de respecter les règles du droit international. C'est peut-être là une motivation importante de l'administration de M. Obama.