Vous êtes ici : Actualités / featured / Bonbonnes de gaz : risque de pénurie ? La tension monte entre les dépositaires de bonbonnes de gaz et les autorités de la tutelle. Alors que le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement tient un discours rassurant, les professionnels du secteur continuent de brandir la menace de suspendre l'approvisionnement du marché. Par la voix de son président, l'association des dépositaires de gaz au Maroc affirme maintenir leur menace de grève pendant le mois sacré de Ramadan si leurs doléances ne sont pas satisfaites. Les dates d'arrêt de la distribution des bonbonnes de gaz aux épiceries n'ont pas été encore arrêtées. « Nous n'avons pas encore fixé les dates pour notre débrayage. Elles seront déterminées lors de l'Assemblée générale qui se tiendra prochainement. Actuellement, nous menons des négociations avec les autorités de tutelle pour dénouer la crise », souligne dans une déclaration au Soir échos Mohamed Benjelloun, président de l'association interprofessionnelle des dépositaires de gaz au Maroc. Ces menaces ne semblent pas inquiéter les autorités de tutelle. Le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement a publié la semaine dernière un communiqué dans lequel il rassure qu'aucun risque de pénurie de bonbonnes de gaz n'est à craindre. Il dit avoir « pris, à l'occasion de l'avènement du mois de Ramadan, toutes les mesures nécessaires pour assurer l'approvisionnement normal du marché national en produits pétroliers, particulièrement le gaz butane ». Le département de Fouad Douiri assure également qu'aucune augmentation de prix n'aura lieu. « Toutes les conditions sont réunies pour assurer l'approvisionnement de l'ensemble des citoyens en cette matière, en quantités suffisantes et selon les prix en vigueur… Les services régionaux du ministère sont mobilisés et procèdent à des opérations de contrôle des prix et du respect du poids des bonbonnes de gaz », souligne le ministère. Suite à la publication de ce communiqué de la tutelle, la réaction des dépositaires des bonbonnes de gaz fut sévère. «Il n'y a eu aucun accord entre les dépositaires de gaz et le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement concernant l'approvisionnement du marché. La tutelle veut uniquement rassurer les citoyens. Elle devra prendre ses responsabilités en cas de grève », répond Mohamed Benjelloun. Les dépositaires de bonbonnes de gaz réclament la révision à la hausse de leur marge bénéficiaire. « Nos marges n'ont pas évolué depuis 1998. C'est insensé ! », déplore-t-il. Les professionnels ne sont pas à leur première contestation. Ils avaient exigé l'année dernière une augmentation de leurs marges bénéficiaires et ont même brandit la menace d'arrêt de leurs activités. La tutelle leur avait promit d'étudier les différents scénarios de révision qui permettraient d'améliorer leurs marges sans toutefois augmenter le prix de vente final aux ménages. Les professionnels abdiquent. Le dialogue prend place entre les professionnels et les autorités de tutelle. Cependant, les négociations avec le ministère n'ont pas abouti. Les professionnels reviennent cette année à la charge pour faire valoir leurs « droits ». Ils choisissent toujours la période du mois de ramadan pour exiger leurs « droits », histoire de faire pression sur la tutelle en cette période où la consommation en bonbonnes de gaz est très importante. « Nous leur avons envoyé toutes les études de marché. En vain. Nos charges ont augmenté de 14 % suite à la hausse du prix du carburant, toutefois, notre marge est restée inchangée », note Mohamed Benjelloun. Pour mémoire, le gaz butane est subventionné par l'Etat à hauteur de 70% de son prix réel. En 2011, la subvention du butane a atteint 12,6 milliards de dirhams. L'Etat prend en charge 76 dirhams pour la bouteille de butane de 12 kg et 19 dirhams pour celle de 3 kg. Des études ont été lancées pour établir les scenarii de décompensation du prix du gaz butane et de son impact socio-économique. A ce jour, rien n'a été entrepris dans ce sens. La réforme de la caisse de compensation bute depuis des années. Le ministre chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Najib Boulif, a certes annoncé que la réforme est prête « techniquement ». Toutefois, elle peine à voir le jour.