Vous êtes ici : Actualités / Economie / L'indexation sera-t-elle suspendue ? Sale temps pour les islamistes au pouvoir. Les tensions géopolitiques que vit l'Egypte aujourd'hui devraient compliquer davantage la situation financière de la caisse de compensation. Les cours du pétrole à l'international se sont envolés pour franchir le seuil des 108 dollars (cours du Brent), un niveau jamais réalisé depuis avril 2013. Le revirement des tendances est à attribuer à la persistance des soulèvements populaires au pays des Pharaons. Mais aussi à l'apparition de signes de reprise de l'activité économique aux Etats-Unis, suite à l'amélioration des perspectives de l'emploi, selon les analystes. «Toute mesure d'indexation dans ce contexte compliqué de crise risque de tourner court. La libéralisation des prix pétroliers ne saurait être envisageable et admissible que dans le cas où les cours du baril frôlent les 120 dollars», critique l'économiste, Abdesslam Seddiki. L'universitaire et membre du bureau politique du PPS précise également que les gains drainés durant cette période où le baril était sous la barre des 100 dollars permettraient de compenser la flambée observée ces derniers jours. Pour rappel, la loi de Finances 2013 avait retenu au titre de ses prévisions un cours moyen de pétrole de 105 dollars. Et chaque dollar de plus coûte à l'économie nationale 300 millions de dirhams. Avec la persistance des tensions socio-politiques en Egypte, les marges de manœuvres de la caisse de compensation dotée d'un budget de 42 milliards de dirhams se réduiraient de plus en plus. Déjà à fin mai dernier, les charges de compensation ont grignoté 20 milliards de dirhams, au moment où les cours du pétrole se situaient en moyenne au dessous des 100 dollars, tout au long du deuxième trimestre de l'année. ,Un scénario catastrophique Dans la foulée des nouvelles donnes géopolitiques régionales, le gouvernement Benkirane maintiendra-t-il ses promesses de lever le mécanisme stabilisateur des prix intérieurs après le mois sacré de Ramadan? « Ce serait un scénario catastrophique qui mettra en péril même la vie politique du gouvernement Benkirane », avise l'économiste Mohamed Chiguer. À ses yeux, l'exécutif soumis à la pression du FMI se trouve à vrai dire dans un «dilemme du prisonnier», étant donné les enjeux économiques en vue. Ses calculs et jeux de scénarios tablant sur un cours du pétrole en deçà des 100 dollars sont mis à mal par les tensions géopolitiques en Egypte. Chiguer pense qu'en mettant en place un mécanisme d'indexation c'est à dire de décompensation totale, Benkirane avance sur un terrain glissant, tiraillé entre les soucis de «la souveraineté économique» du pays et l'urgence des réformes à l'épreuve de la dégradation continue des capacités de financement de l'économie nationale. À son avis, la libéralisation totale des prix pétroliers dans ce contexte régional et mondial tendu engendrera sans aucun doute des effets désastreux aussi bien sur la compétitivité des entreprises que sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Pour ne citer que les tarifs de l'électricité qui pèsent pour 8 à 10% du budget du consommateur. Bien que la flambée des cours pétroliers de 10 % induit une perte de compétitivité de 0,6% et une hausse des importations de 8%, d'après un exercice de simulation du centre marocain de conjoncture.