Vous êtes ici : Actualités / Culture / Sociétés et jeunesses en débat Organisé du 21 au 23 juin en partenariat avec le CNDH, ce forum pérennise une tradition d'échange et de débats contradictoires et donne à la fois à la ville et au festival une dimension qui atteint, à coup sûr, un certain universalisme. Le choix du thème ne saurait nous laisser indifférents, parce que la jeunesse, ou plutôt les problèmes de la jeunesse sont en débat depuis trois ans maintenant ! Plutôt en adéquation avec le festival qu'en sa marge, le Forum sur la jeunesse est une traduction concrète de la vision intergénérationnelle du festival. Cette année, c'est la continuité du débat qui réunira des acteurs culturels, des hommes politiques, des journalistes, des chercheurs, des sociologues et anthropologues, des représentants de la société civile. Pas moins d'une trentaine d'intervenants, officiels ou officieux, participeront à ce forum, viennent de tous les horizons culturels et géographiques. Pendant trois jours ils témoigneront de leur expérience et de leur vécu « les qualité », confronteront les uns avec les autres leur réflexion sur la problématique de la jeunesse, à la lumière des événements et de ce qu'on a appelé les « Printemps arabes » survenus entre 2010 et 2012 et dont l'impact, politique, économique, social et culturel ne cesse de porter à conséquence. La programmation du forum s'articule autour de trois axiomatiques : « Les jeunesses dans les sociétés en mutation » ; « Jeunesses, dynamiques sociales et politiques » ; « Jeunesses, dynamiques culturelles» enfin... Chaque séquence du colloque est suivie d'un débat contradictoire, un échange comparatif qui mettra en perspective la dynamique en cours depuis deux ans et surtout les graves interrogations sur le sens d'une « révolution des jeunes », lancée dans la confusion, incomprise ou mal acceptée par les pouvoirs publics, menacée de récupération aussi par les islamistes et autres démagogues, essoufflée au sens à l'épreuve des réalités économiques et politiques. «L'étincelle de la révolution arabe» Les panels retenus constituent à vrai dire un champ croisé de problématiques et les intervenants qui se succéderont pour en débattre sont des acteurs attentifs. Que les travaux du forum se focalisent en grande partie sur l'espace méditerranéen, n'étonne pas! Le déclenchement du mouvement protestataire, ce que d'aucuns ont vite fait d'appeler « l'étincelle de la révolution arabe », est parti de Tunisie un 14 janvier 2010, suscitant un vaste et profond mouvement de solidarité spontané. Il traduisait davantage une réaction à vif, une sorte de ras-le-bol qu'une revendication structurée, organisée et planifiée...C'est l'adhésion à l'échelle nationale et régionale de ce spontanéisme qui reste significative. Elle traduit la profondeur de la césure sociale, mais aussi l'inquiétude rampante d'une jeunesse tenue par les pouvoirs en lisière, méprisée même. Les jeunes dans cette région constituent plus de 60% des populations ; ils sont néanmoins les tout premiers à être exposés à la crise économique, au chômage endémique aggravé par l'extension de cette même crise, aux diverses précarités et, ce qui n'est pas le moindre facteur de déstabilisation, l'abandon à eux-mêmes des jeunes, sans horizons ni perspectives. On pourrait presque paraphraser Edgar Morin qui, dans son livre « La voie pour l'avenir de l'humanité » ( Edition Fayard, collection Pluriel », écrit : « C'est un âge d'aspiration à la pleine existence, de souhait d'une vie à la fois autonome et communautaire, d'espoirs et de désespoirs, de révoltes contre l'ordre social du monde adulte, de transgressions, de tourments, d'angoisses et de rêves » ! L'objet des débats inscrits dans le cadre du forum du festival d'Essaouira relève, de toute évidence, d'une problématique d'ensemble ! Le choix des thèmes corrobore le souci des organisateurs de rebondir à la fois sur l'actualité et d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur l'avenir des jeunes dans un monde en mouvement permanent. C'est un aréopage de personnalités, politiques, scientifiques, économiques et sportives qui participeront à ce forum qui se veut un espace de réflexion partagée et une plateforme de mobilisation intellectuelle. Leur qualité est à la mesure de l'enjeu exposé au cours des trois jours de débats... Quoi qu'il en soit, le Festival d'Essaouira n'aura pas démontré seulement sa pérennité artistique mais également, et plus encore, sa dimension intellectuelle et interdisciplinaire.