Au Maroc, la voiture est toujours un objet de rêve. C'est ce qui fait la force de ce marché et son grand potentiel. Car en Europe, on est passé à un stade où le consommateur rejette la voiture». C'est ainsi que le directeur général d'Ipsos au Maroc Jean François Meyer a présenté l'une des principales conclusions du baromètre du marché automobile, commandé par Eqdom. A partir de cette conclusion, Meyer assure que le marché marocain de l'automobile présente un avenir prometteur aussi bien pour les concessionnaires que pour les sociétés de financement. En chiffres, l'étude révèle que sur les mille personnes interrogées en milieu urbain et dans les catégories socioprofessionnelled A,B et C (où se concentrent les personnes capables d'acheter un véhicule), 18% ont l'intention d'acheter une voiture. Un chiffre très satisfaisant pour Meyer, mais également pour le directeur général adjoint d'Eqdom Christophe Laurent. Mais si l'on voit le verre à moitié vide, le pourcentage avancé peut paraître faible, surtout si l'on se réfère à la première analyse qui indique que le Maroc est un marché à fort potentiel. «Si l'on compare ce 18% au niveau des intentions d'achat en Europe qui ne dépasse pas les 6 voire 7%, la différence est énorme. C'est sur cette comparaisonv que nous nous sommes basés pour dire que cet indicateur est positif», précise Meyer. Peut-on rester sur ce ton positif, même avec les niveaux de baisse des ventes en cette période de crise ? «Les régressions ont atteint 8 à 10%. Mais ce sont des résultats nettement meilleurs que les 30 à 40% des baisses enregistrées en Europe», note Laurent. Et d'ajouter, «mais ces baisses confirment que la crise a bel est bien touché le Maroc. Moins sévèrement, certes, mais on remarque que des clients décalent leurs décisions d'achat». Le premier critère de choix d'une voiture est, sans conteste, la fiabilité et solidité. La notion de rêve dont parle l'étude pour justifier, avec d'autres critères, le potentiel du marché, se révèle dans les critères de choix de la voiture. Il est vrai que le premier critère évoqué (90% des interviewés) est la fiabilité et solidité. Une tendance liée, peut-être, aux risques d'accidents de la circulation et qui est constatée davantage chez les femmes. Mais le critère prestige est cité par 52% de l'échantillon. Ce qui est, pour le DG d'Ipsos, un critère crucial. «Le même critère prestige n'est cité en Europe que par moins de 10% de l'échantillon», précise-t-il. Le rêve retentit encore une fois dans les marques qui disposent du plus grand niveau de notoriété. En effet, le Marocain urbain de CSP A, B ou C, souhaiterait acheter principalement des Mercedes, BMW ou Audi. Mais entre les marques que l'on souhaite acheter et les intentions réelles d'achat, la différence est flagrante. Alos qu'on rêve de Mercedes, on se contente d'acheter une petite citadine. Une décision guidée principalement par le pouvoir d'achat qui demeure limité. En effet, l'étude révèle que le budget moyen auquel les interviewés souhaitent acheter une voiture ne dépasse pas 90.000 DH. «Mais on ne sait pas si ce budget correspond à l'apport initial, sans le financement bancaire ou le prix de la voiture», note Meyer. D'ailleurs, 55% de l'échantillon déclare avoir recours au financement pour l'achat du véhicule. «Mais on ne sait pas quelle est la forme de ce financement ni son origine (système bancaire, prêt personnels, ndlr.)», précise Laurent. Ces deux points (prix psychologique et financement) devront être approfondis, selon le DGA d'Eqdom, dans la prochaine édition du baromètre attendue pour septembre 2010. Outre le rêve que constitue la voiture pour le consommateur urbain moyen, il y a le faible taux de mécanisation. Globalement il se situe à 16%. Mais l'étude révèle que parmi la population urbaine de catégorie sociale A, B et C, 30% des personnes ont une voiture. 84% de ce parc est de marques européennes. A noter enfin que l'étude révèle une maturation du marché. Cela se traduit dans les intentions d'achat, dont 75% portent sur le renouvellement du premier véhicule. «Le marché marocain est dans une phase où le client considère toujours la voiture comme un prestige, mais il réfléchit bien avant de l'acheter», note Meyer.