C'est dans une salle archi-comble vibrant au rythme de l'ambiance festive et l'accueil chaleureux comme le témoignent les applaudissements forts de l'assistance que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et sa délégation officielle ont été reçus par l'assistance au Forum économique Maroc-Turquie lundi à Rabat. Son ingéniosité, ses performances économiques et sa personnalité charismatique font parler de lui et forcent le respect. Lui c'est Erdogan qui ne cède jamais à la langue des émotions et préfère parler pragmatisme. Contrairement à son homologue Benkirane dont la sensation d'émerveillement s'éveille indéfiniment. Allant droit au but, Erdogan avance que sa visite d'affaires aura certainement un effet bénéfique sur le volume des échanges commerciaux et les flux d'investissements. Déjà environ 1 000 mesures ont été convenues dans ce sens. Conscient du déséquilibre commercial profitant largement à son pays (voir encadré), il a annoncé que des procédures pour lever les obstacles commerciaux et fournir les encouragements nécessaires aux entreprises marocaines sont prévues. Il a insisté sur la nécessité d'explorer davantage les opportunités d'investissements turcs au Maroc et rehausser les niveaux des échanges bilatéraux dans une logique gagnant-gagnant. «Nous sommes prêts à partager notre savoir-faire avec nos frères marocains», affirme-t-il. Ce partenariat en vue porte sur bon nombre de secteurs à l'instar de l'automobile, l'agroalimentaire, BTP et des matériaux de construction, Textile et du cuir, de la Chimie, la Pharmacie, secteur minier (phosphates et dérivés)… Il a même proposé -profitant de la position stratégique du Maroc- de constituer des joint-ventures entre entreprises marocaines et turques pour aller ensemble à l'exploration des opportunités d'investissements qu'offrent le marché africain. En vue de corriger le déficit commercial, il entreprend de porter le volume des investissements turcs au Maroc à 1 milliard de dollars dans les deux années à venir contre 250 millions aujourd'hui. Il vise aussi à accroître les flux des échanges commerciaux bilatéraux à 3 milliards de dollars au lieu des 2,13 milliards enregistrés. Cette stratégie de déploiement à l'international s'inscrit dans le cadre de la vision 2023 qui vise à atteindre 22 milliards de dollars d'investissements directs à l'étranger (12 milliards aujourd'hui) et près de 1 000 milliards d'échanges commerciaux contre 138 milliards, détaille-t-il. Qui dit mieux ! L'agressivité commerciale des Turcs ne devrait pas non plus dissimuler leurs pratiques protectionnistes «parfois non conformes à la réglementation de l'organisation mondiale du commerce (OMC)», tient à préciser la CGEM. «La multitude des barrières non tarifaires, est un écart considérable entre les droits appliqués par la Turquie et les engagements pris par celle-ci dans le cadre de l'OMC…», souligne-t-on. Voici donc le nœud du probléme. Le gouvernement Benkirane n'a cherché, aucun moment, à remettre en cause les termes de l'accord de libre-échange, entré en vigueur en 2006. Il n'est même pas en mesure de prendre des mesures similaires à l'égard des produits turcs. Toute la question est là. Sachant que le « Made in Morocco » est loin de présenter les mêmes avantages comparatifs du marché turc.