Il n'est jamais trop tard pour réparer, autant que peut se faire, oubli ou ignorance. On a encore en mémoire l'émission consacrée par 2M à Leïla Shahid, lors de son dernier passage à Rabat. Il n'est pas question de tenter ne serait- ce qu'un résumé de la teneur de cette émission dominée par la cause palestinienne et la tragédie qui la constitue. Au cours de cette émission, Leïla Shahid a brillamment assumé la tâche éminemment complexe et délicate de présenter les tenants et aboutissants de la résistance du peuple palestinien face à Israël l'enfant chéri de l'Occident qui, tout en parlant de paix, commet les pires crimes impunément. Je déplore et je m'insurge contre le fait qu'une fois l'émission passée, il n'a plus été question d'elle comme si elle n'était que de passage, étrangère comme d'autres en visite en notre pays. Et bien qu'il soit dit, d'entrée de jeu, qu'elle n'est aucunement à ranger sous l'étiquette de marque d'une personnalité en visite touristique en notre pays. Notre très chère Leïla est indéfectiblement Palestinienne et Marocaine dans toute la noblesse de ce double titre. Epouse de Si Mohammed Berrada qu'on n'a pas à présenter, chacun connaissant le rôle fondamental qu'il a joué dans le domaine de la culture et qu'il continue de remplir. On lui doit le rôle décisif qu'il a assumé dans la constitution de l'Union des Ecrivains. Critique et écrivain à son tour, il est une personnalité marquante de l'Université où se distinguent, entre autres, cette ouverture d'esprit, cette recherche de dialogue avec l'Autre si rare de nos jours. C'est avec émotion que je me permets d'évoquer ces temps que nous avons eus en partage avec Marie-Cécile, mon épouse qui nous a quittés prématurément, Leïla, Si Mohammed et moi. Ces temps heureux dont nous avons en quelque sorte été les complices et qui ont précédé leur mariage. Si j'ai entrepris d'écrire ce court texte, c'est pour une raison bien simple. Je laisse de côté ce qui est de l'ordre de la vie personnelle, de l'amitié et de l'affection pour lui exprimer notre reconnaissance, parce ce que, au-delà de la solidarité qui nous unit à la cause palestinienne, il y a un plus : le plus sobrement possible, évitant le piège du pathos inévitable en la circonstance, je dirais qu'il me plaît de penser qu'elle parle, qu'elle participe d'une voix qui nous est commune.