A l'approche des examens, les élèves en 3e année du collège et au Baccalauréat ont un double souci. Réussir et les épreuves et le choix de la filière ou du domaine de spécialisation. Soucieux de leur avenir professionnel, les élèves se lancent à la recherche de toute information pouvant éclairer leur lanterne. Sites d'information et d'orientation sur Internet, consultation des conseillers en orientation dans leur lycée, recherche d'informations auprès des élèves qui les ont précédés etc. Ils usent de tous les moyens pour prendre la décision qui va orienter leur vie. Les forums d'orientation nationaux et régionaux constituent aussi des occasions en or qui se présentent à ces élèves assoiffés d'informations. « Chaque année, le nombre de visiteurs du forum d'orientation, qu'on organise dans différentes villes, ne cesse d'augmenter. Il est toujours pris d'assaut par les élèves qui deviennent plus actifs en matière de recherche d'information surtout durant ce mois qui précède les examens », note Mustapha Faiq, directeur de la publication Orientation Carrefour. Et d'ajouter : « On remarque qu'il y a deux catégories d'élèves qui visitent le forum. La première est constituée d'élèves qui sont plus au moins bien informés. Ils sont généralement issus de familles aisées ou moyennes. La 2e catégorie concerne les élèves qui n'ont pas les moyens pour rechercher l'information en dehors de leur établissement scolaire». Autre remarque formulée par ce spécialiste en orientation : la variation du niveau d'information des élèves selon le milieu. « Les élèves vivant dans le monde urbain sont mieux informés que ceux issus du milieu rural. L'information dont disposent les élèves varie aussi d'une ville à l'autre », explique-t-il tout en rappelant qu'Orientation Carrefour organise depuis 2003 des forums dans différentes villes pour toucher le maximum possible d'élèves. 2500 éléves pour 1 conseiller ! Un effort qui s'ajoute à celui de l'Association marocaine des cadres d'orientation et de planification de l'éducation AMCOPE. Cette dernière dispose de plus de 40 antennes dans différentes villes. « En plus des forums régionaux organisés par les différentes antennes, on essaie de diffuser l'information dans les zones rurales et les petits patelins », affirme Mohammed Adil Zbadi, coordonnateur de la commission des forums et des formations au sein de l'association. Ce conseiller en orientation exerçant à Fès constate que ces élèves sont victimes de plusieurs défaillances dans le système d'information et d'aide à l'orientation. Pour Mohammed Adil Zbadi, un des grands problèmes du système d'information est le déficit en ressources humaines. « Chaque conseiller en orientation doit encadrer 2.300 à 2.500 élèves. Il exerce sa fonction dans trois à quatre établissements relevant de son district. A cela s'ajoute le travail de recherche et d'actualisation d'information qu'il doit mener en permanence », indique ce cadre en orientation qui exerce depuis 1998. Un déficit qui va se creuser encore plus dans les années à venir, selon Mohammed Ouhajji, président de l'Association marocaine des inspecteurs d'orientation et des inspecteurs de planification de l'éducation. «Actuellement, il y a près de 800 conseillers en orientation. Depuis 2005, le système d'orientation souffre d'un déficit en ressources humaines de 1.000 cadres en orientation. Dans les années à venir, ce déficit pourra passer à 2.600 conseillers vu que le programme d'urgence prévoit des centres régionaux et provinciaux d'orientation au niveau des 16 académies et 86 délégations que compte le Royaume. A cela s'ajoute la création de nouveaux établissements qui doivent être dotés à leur tour de conseillers en orientation», explique t-il. Pour d'Abdelmoumen Talib, directeur de l'Unité centrale de l'information et d'orientation UCIO, le déficit va diminuer dans les trois années à venir. « Le projet E3P7 relatif à la mise en place d'un système d'orientation efficient dans le cadre du programme d'urgence prévoit le recrutement de 1.000 conseillers en orientation d'ici 2012 », affirme le directeur de l'Unité centrale fraichement créée. Parmi les missions de cette nouvelle structure figure la mise en place du projet E3P7 chapeauté par d'Abdelmoumen Talib. Les 800 conseillers en orientation qui exercent actuellement dans des conditions de travail qui sont loin d'être favorables. «La majorité des établissements scolaires ne disposent pas d'espaces dédiés à l'accueil et l'orientation des élèves. Le conseiller en orientation doit militer pour se faire une place dans un établissement. En outre, il doit mettre la main à la poche pour effectuer son travail de recherche de l'information soit sur Internet soit en se rendant aux centres de production d'information et aux établissements d'enseignement supérieur », déplore Mohammed Adil Zbadi, de l'AMCOPE. En réponse à la question sur les conditions de travail des cadres en orientation, Abdelmoumen Talib a déclaré que « le projet E3P7 prévoit aussi des mesures visant l'amélioration des conditions de travail des conseillers de l'orientation, qui sont la clé de voûte de tout le système d'information. Ils vont bénéficier d'ordinateurs portables avec connexion mobile et aussi de forfaits téléphoniques ». Quant au manque d'espaces pour l'orientation au niveau des écoles, il a affirmé que « toutes les académies et les délégations ont été dotées de budgets dédiés à la création et l'équipement d'espaces pour l'orientation dans tous les collèges et lycées. Le conseiller d'orientation a désormais droit à une demi journée par semaine dans une salle d'informatique GENIE ». Le coordonnateur du projet de l'orientation a précisé que ces mesures sont en cours d'application. Il a ajouté que la formation continue des conseillers en orientation figure également à l'ordre du jour du projet. Le conseiller en orientation doit mettre la main à la poche pour rechercher et actualiser les informations sur l'orientation. Selon Abdelmoumen Talib, le principal objectif du projet E3P7 est l'implication de tout le monde dans l'orientation des élèves. Les enseignants, les parents, les universités et même les entreprises seront désormais appelés à mettre la main à la pâte. « On a commencé, en 2009, la formation de tous les enseignants en orientation en vue de participer activement à l'encadrement des élèves », affirme- t-il avant d'ajouter : « on va instaurer également le principe de « Professeur Principal » qui aura comme mission la coordination de l'équipe pédagogique et l'accompagnement des élèves. Il jouera aussi le rôle de relais entre le conseiller de l'orientation et le reste des enseignants de l'établissement». L'orientation est l'affaire de tous Quant à l'implication des universités, le projet prévoit la mise en place d'interfaces entre ces dernières et les lycées. «Ces interfaces vont se charger de transmettre aux universités des dossiers concenant notamment des fiches de vœux et les relevés de notes des élèves à des commissions d'orientation qui seront créées au niveau des universités. Ces commissions constituées d'universitaires vont émettre des avis sur les différents dossiers qui permettront aux élèves de choisir les filières correspondant le plus à leurs penchants », explique Abdelmoumen Talib, précisant que le travail consultatif de ces commissions sera réservé, dans un premier temps, aux établissements à accès ouverts à savoir les facultés. « Nombreux sont les bacheliers qui ne font pas le bon choix de la spécialité au niveau de la faculté. Pour être mieux guidés, les élèves auront droit, en terminale, un avis d'universitaires ». Et ce n'est pas tout. Le coordonnateur a assuré que les universités seront également amenées à organiser des journées d'information dans les différents lycées. Les parents et les professionnels dans le domaine d'aide à l'orientation seront également mobilisés. Ils doivent participer davantage à l'ouverture des apprenants sur le monde professionnel à travers des visites éducatives et des stages de découvertes des entreprises et établissements professionnels. De ce fait, les entreprises sont appelées à s'ouvrir davantage aux différents établissements scolaires. Afin de faciliter le travail de toutes ces parties prenantes, le projet E3P7 mettra à leur disposition toute la matière nécessaire à l'orientation. « Elle sera produite par des centres d'information et d'orientation qui seront de véritables guichets uniques. Ce sont des structures régionales et provinciales chargées de l'information scolaire, universitaires et professionnels et de l'aide à l'orientation des jeunes », indique le coordonnateur du projet. Et de poursuivre : « dans chaque ville, un centre d'information et d'orientation naîtra de la fusion du centre de conseil et d'orientation CCO, du centre d'Irchad Attalib CIAT, et du centre de production de documents d'information CPDI ». Toujours dans le cadre de l'unification des parties prenantes en matière d'orientation, une agence nationale d'information et d'orientation sera mise en place. « Il s'agira d'un établissement public qui assurera la supervision, la réglementation, l'évaluation et le développement du système national d'information et d'orientation », explique Abdelmoumen Talib. « Toutes les mesures précitées ont été prévues sur la base d'une étude de diagnostic du système. Celle-ci a porté notamment sur les ressources financières, matérielles et humaines du domaine d'orientation. On a également organisé plusieurs rencontres de consultation avec des conseillers et inspecteurs d'orientation pour mieux évaluer la situation actuelle », explique-t-il. Les mesures d'E3P7 réussiront- elles à organiser le système national d'orientation ? Seul le temps peut juger. Rendez-vous alors en 2012 avec l'évaluation du programme. Ce que vous devez savoir sur l'E3P7 Des centres régionaux et provinciaux d'information et d'aide à l'orientation CRIAO et CPIAO remplaceront les différents organismes d'orientation notamment les centres de conseils et d'orientation et les centres d'Irchad Attalib. Si vous êtes issus de Fès, Dakhla, Laâyoune ou Guelmim et êtes à la recherche d'information sur l'orientation, sachez que vous devez vous adresser désormais au CRIAO de votre ville. «Dans ces villes, les centres sont opérationnels. Ils constituent des projets pilotes qui sont en cours de généralisation aux autres villes», indique Abdelmoumen Talib, coordonnateur du projet E3P7 relatif à la refonte du système d'orientation. Les CRIAO et CPIAO seront chargés de la production de guides, dépliants, brochures et supports multimédia qui seront mis à votre disposition. Vous serez également accueillis et encadrés par des conseillers en orientation au niveau de ces centres. «Ils constituent non seulement un espace d'échange entre conseillers d'orientation et élèves mais également un lieu pour la réunion et la coordination entre les conseillers», ajoute Abdelmoumen Talib. Autre nouveauté du projet, la création d'un portail national d'information et d'orientation. Dans deux ans, vous aurez accès à une structure virtuelle qui vous offrira une information fiable et actualisée. Pour les cadres en orientation, le portail va assurer des outils appropriés d'aide à l'orientation. Les manifestations d'information deviendront plus nombreuses. Des portes ouvertes, des journées et des forums d'orientation seront organisés au niveau national mais également régional, provincial et même local. Au niveau des établissements, les séances d'information et d'aide à l'orientation seront généralisées également aux élèves des la 1re et 2e années collégiales. Autant de mesures prévues par le projet E3P7 qui vous faciliteront la recherche d'information. Une recherche qui, selon les conseillers en orientation, doit être entamée depuis le début de l'année surtout pour les élèves en classes terminales du collège et lycée. Enfin, n'oubliez pas d'impliquer vos parents dans votre processus d'orientation en les invitant notamment à vos rencontres avec le conseiller d'orientation de votre établissement et aux différentes manifestations d'orientation. Bonne chance pour la suite !