Les grandes écoles publiques de l'enseignement supérieur ont toujours la cote auprès des bacheliers. Selon une étude récente sur la perception de l'offre de l'enseignement supérieur au Maroc lancée par HEM, dont les résultats ont été présentés lors d'une conférence de presse organisée lundi dernier à Casablanca, « le secteur public représente la référence en matière de qualité des formations supérieures lorsqu'il s'agit des grandes écoles publiques sur concours». Les plus prestigieux établissements prisés par les étudiants sont l'ENCG, l'ISCAE, l'Ecole Hassania et l'Ecole Mohammadia des ingénieurs. Toutefois, l'accès demeure un rêve, difficile à atteindre, déplorent les interviewés. « La difficulté d'accès est considérée comme une forme d'injustice par les bacheliers », poursuivent les auteurs du rapport. Les grandes écoles publiques sont jugées « très sélectives ». Qu'est-ce qui motive alors ce choix ? Le diplôme étatique, la qualité de l'enseignement, la gratuité des études, la discipline, la possibilité de travailler dans le secteur public…autant d'avantages qui attirent de plus en plus les étudiants. Mais, « le diplôme étatique représente incontestablement l'avantage premier du système public grande école dans la mesure où il constitue une valeur sûre attestant du mérite indiscutable du lauréat tout en offrant la garantie de l'emploi dans un large éventail d'entreprises publiques et privées », souligne l'étude. Un avis partagé aussi bien par les bacheliers que par leurs parents. La discipline, un argument « public » Les lauréats, eux, placent la discipline au premier rang des avantages reconnus au système grande école publique. Pour eux, la discipline est indispensable pour une meilleure insertion dans l'entreprise. Quant à la qualité de l'enseignement, elle figure en second rang des avantages de la grande école publique, jugée plus exigeante quant aux références et diplômes des professeurs. Cependant, ces grandes écoles plébiscitées présentent également des inconvénients, selon les interviewés. Outre la difficulté d'accès, le sureffectif dans certaines écoles est également pointé du doigt en figurant à la seconde place des inconvénients de la grande école publique par la majorité des interrogés. Les bacheliers et les étudiants considèrent aussi que les écoles publiques pèchent par manque de formation en communication et développement personnel. Ils déplorent également l'éloignement géographique de ces établissements de l'enseignement supérieur. Contrairement aux grandes écoles publiques, l'université publique, elle, a une image négative. Les conditions d'enseignement, les grèves récurrentes des professeurs, le chômage des diplômés, le manque d'infrastructure, l'encadrement jugé « dramatique »…autant de griefs formulés par les interviewés contre l'université. On reproche également à l'université publique son enfermement et le manque d'ouverture sur la sphère économique. Toutefois, l'université a des avantages. Le diplôme étatique représente l'avantage majeur de ces établissements pour les interviewés. La gratuité des études est un facteur déterminant pour le choix de ces établissements de l'enseignement supérieur, qui offrent aux bacheliers la possibilité de poursuivre leurs études doctorales. …Versus privé L'enseignement supérieur privé, lui, bénéficie d'une image très positive auprès de l'ensemble des interrogés. Toutefois, ces derniers pointent du doigt le coût élevé des études et la non reconnaissance de l'Etat du diplôme de certains établissements privés. L'accréditation représente pour eux un gage de crédibilité et de performance de l'établissement. « Le manque de sérieux d'une grande partie des établissements privés » est également soulevé par l'étude. L'étude menée dans cinq villes (Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger et Fès) s'est également intéressée aux besoins des entreprises en compétences. Les recruteurs et les responsables de cabinets de recrutement accordent d'abord une grande importance à l'école où le candidat a poursuivi ses études supérieures. « L'école est le premier filtre qui peut pousser un recruteur à considérer une candidature ou pas », soulignent-ils. Concernant les compétences requises, les entreprises disent être à la quête des profils porteurs de valeurs éthiques, à qui ils peuvent déléguer une part de la charge de travail qui leur incombe. Les recruteurs disent préférer les lauréats multitâches et pluridisciplinaires. Ils s'accordent également sur l'impératif de maîtriser les langues notamment l'anglais. Ils avouent aussi se désintéresser des jeunes débutants parce qu'ils sont pendant longtemps improductifs.