La 7e édition du festival de Fès de la culture soufie a réservé le meilleur pour la fin. La soirée de clôture a été une création artistique et spirituelle originale en hommage au grand cheikh et imam Al Boussairi. Inspirée du fond fin de la civilisation marocaine, dans tous ses aspects spirituels, intellectuels et artistiques, cette création était voulue, à l'instar des concerts de clôture des autres éditions, comme une sorte d'innovation d'un art ancestrale authentique. Pour cet hommage à l'Imam El Boussairi, ce grand soufi rendu célèbre notamment par ses poèmes Al-Burda et Al-Hamzia consacrées à l'éloge du prophète Sidna Mohammed, les concepteurs du concert ont réuni des traditions du Samaa du Maroc, de Turquie et de Palestine. C'est ainsi que la première partie, purement marocaine, a rassemblé des madihines et musiciens de tout le Royaume, qui ont bien réussi à transmettre toute la charge spirituelle et artistique des poèmes d'El Boussairi, pour le grand bonheur du public d'une salle de fêtes des grands jours. La deuxième partie a été elle placée sous le signe de l'ouverture sur d'autres civilisations bien ancrées dans le soufisme. Les Tariqas Khalwatiyya d'Istanbul (Turquie) et Rifaiyya de Palestine sont venues compléter le beau tableau de cette soirée. Un autre hommage à Zouanat Dans la journée, les festivaliers ont pu assister à un hommage d'un autre genre. Le dernier jour de cette 7e édition a été ainsi marqué par un hommage posthume à l'anthropologue et chercheuse soufie, Zakia Zouanat. C'était unhommage à une « chercheuse de vérité », à une figure contemporaine du soufisme, qui a laissé pour testament spirituel une œuvre culturelle majeure, dont son ouvrage le « Royaume des Saints ». Durant huit jours de chants et de débats, l'association du festival de Fès de la culture soufie, son initiatrice, a concocté tout un menu de débats et de chants sous le signe « Nourritures spirituelles (Qût al Qulub) : soufisme et créativité ». Pas moins d'une cinquantaine d'intellectuels, académiciens et autres maîtres du soufisme sont venus animer des tables-rondes et conférences sur des thématiques gravitant dans l'univers des nourritures spirituelles. A l'image de la multiplicité des disciplines des conférenciers, les thèmes l'étaient tout aussi. Les sujets qui ont été soumis au débat ont porté sur le Samaa soufi, le soufisme et la pensée philosophique, le soufisme et poésie, l'art et spiritualité, le soufisme et patrimoine, le soufisme et pensées contemporaine et sociale, l'héritage spirituel du Maroc ou la singularité et l'universalité de l'expérience spirituelle. Le chêne pluri-centenaire du musée Al-Batha a servi de décor pour des concerts de groupes et confréries de Syrie, de Turquie et de Palestine, mais surtout du Maroc, qui était représenté, entre autres, par le groupe Zaman Al Wasl, les Tariqas Ouazzaniya, Squalliya, Harraquiya et Qadiriya Boutchichia et la confrérie Darqawiyya. Le festival de Fès de la culture soufie, dont la première édition avait été tenue en 2007 sous la thématique du soufisme et développement humain, aspire à faire connaître à l'international une image positive de l'Islam, questionner le rôle du soufisme dans le monde d'aujourd'hui et prospecter des arts et des projets culturels et sociaux nouveaux qui Âœuvrent pour le dialogue interculturel et le développement humain et civilisationnel.