Nous savons maintenant comment rendre un public en colère. En délocalisant le match du Raja face à Al Arabi du Koweit, les autorités ont irrité tout un « monde ». Les supporters rajaouis ont manifesté leur mécontentement en envahissant la page Facebook de l'Elysée avec des commentaires « hostiles » à cette opération, jugée « injuste ». Ils ont même demandé « le report de cette visite » pour qu'ils puissent suivre le match de leur club préféré. Le Raja de Casablanca sera opposé aujourd'hui à Al Arabi à 20h dans le cadre de la demi-finale retour de la coupe arabe des clubs champions. Une compétition dans laquelle le vainqueur empochera la somme de 600 000 dollars tandis que le finaliste recevra la somme de 400 000 dollars. Le Raja compte énormément sur ce genre de compétition, comme les autres équipes, pour renflouer ses caisses mais pas uniquement. Si on délocalise ses matchs et que l'on prive le club de son terrain, les recettes du public seront faibles, ce qui n'est jamais bon pour un club. La visite de François Hollande à Casablanca tombe exactement le jour du match. La sécurité prime dans ce genre de déplacement. La sécurité d'abord « Cette décision démontre que le Maroc ne peut pas assurer la sécurité autour du match. Si les autorités ne peuvent pas organiser ce match à Casablanca de peur de vandalisme, pourquoi donc s'entêter à obtenir l'organisation des grandes manifestations au Maroc, comme la Coupe du monde ou même la coupe d'Afrique », explique Mohamed Jamali, membre des Ultras Eagles, supporters du Raja de Casablanca. « Les supporters ont envahi la page Facebook du président français parce qu'ils sont particulièrement en colère. C'est également un signe de protestation. Pourquoi délocaliser le match ? Nous ne comprenons pas cette décision. Le public rajaoui est nombreux et le Stade d'El Jadida (Al Abdi, ndlr) ne sera pas suffisant pour accueillir tous les supporters », ajoute Mohamed Jamali. En effet, la différence est de taille entre le complexe sportif Mohamed V et le stade El Abdi. Le public rajaoui organise toujours ses déplacements d'une manière collective et en grand nombre. « Bien sûr, le public rajaoui sera au rendez-vous. Nous allons nous rassembler et prendre la route à 16h (aujourd'hui, ndlr). Nous serons toujours derrière Le Raja. El Jadida n'est pas si loin. Malheureusement, il n'y aura pas de Tifos pour le match, c'est injuste. La décision de faire jouer Le Raja à El Jadida, aura des répercussions financières, puisque les recettes seront moindre que ce qui était prévu», souligne le membre des Ultras Eagles. Le Raja n'a pas le choix La décision de la délocalisation de ce match, Raja-Al Arabi, dépasse apparemment les dirigeants du club. Ils n'ont pas le choix de faire appel ou d'essayer de passer par un autre recours car toutes les circonstances vont dans ce sens. « Nous avons reçu une lettre avant hier (dimanche 31 mars, ndlr) de la part de la FRMF. Cette dernière a été contactée par l'union arabe pour lui notifier les dates du match. L'union arabe prévoyait la tenue du match mardi ou jeudi à Casablanca. L'union a également mentionné que pour mercredi, le match se tiendrait à El Jadida », a expliqué Mohamed Naciri, directeur du club du Raja. « Si l'équipe d'Al Arabi avait accepté de jouer un mardi ou jeudi, cela aurait été parfait, mais, ils n'ont pas accepté. Nous serons obligés de jouer à El Jadida », a ajouté Mohamed Naciri. L'équipe koweitienne a fait le choix qui sert davantage ses intérêts. Elle sait que jouer à l'extérieur de Casablanca serait moins pesant sur le plan psychologique. La pression qu'allait exercer le public rajaoui sur les joueurs aurait été énorme pour le club du Koweit. Pour autant, cela pourrait ne pas trop changer à El Jadida. Le Raja a déjà un pied en finale dans cette coupe, puisque les hommes de M'hamed Fakhir ont ramené un nul (1-1) lors de leur déplacement chez les « verts » du Koweit. L'attaquant Yassine Salhi sera de la partie après le doute qui planait sur sa participation à ce match. Salhi a été élu meilleur joueur et meilleur buteur de la Coupe arabe des nations en Arabie Saoudite où le Maroc a été sacré champion en 2012. Le joueur sera-t-il prêt, une année plus tard, à réaliser cette même performance avec son club des aigles verts ?