La Fondationn Zakoura Education milite pour la promotion de la darija. Son Centre de la Promotion de la Darija a organisé ce vendredi une rencontre portant sur le thème de « La Darija et la créativité artistique et littéraire ». Pensez-vous que la darija peut se substituer à la langue classique arabe et devenir la langue par excellence de la création littéraire ? La darija est la langue maternelle des Marocains. Elle est parlée par 95 % de la population. Les Marocains s'expriment au quotidien en dialecte. La darija est la langue par excellence de la création que ce soit orale ou écrite. On a tendance à croire que la darija doit être uniquement utilisée à l'oral. Ce n'est pas vrai. Elle peut être utilisée également dans la production des romans et des pièces de théâtre. Aujourd'hui, la darija est largement développée dans la publicité, dans la communication, dans la musique, au théâtre et au cinéma. Elle touche un large public. Nous ne sommes pas contre la langue arabe classique. Nous voulons uniquement l'éclosion de la darija. Nous voulons que les deux langues existent en parfaite harmonie. Faut-il, d'après vous, introduire la darija dans l'enseignement ? Oui. Il faut promouvoir cette langue. Elle doit être enseignée à l'école et être la langue d'enseignement, dès les premières classes jusqu'aux bancs de l'université. Il ne faut pas se voiler la face. Il existe une réalité. Au Maroc, on apprend plusieurs langues qui ne profitent pas à l'enfant. On lui enseigne l'arabe classique, le français et l'anglais à l'école, la darija à la maison. Le pauvre ne sait plus quoi apprendre. Il est perdu. Outre les rencontres-débats, quelles sont les autres actions que vous entreprenez pour la promotion de la darija ? Nous sommes en train d'élaborer un manuel d'enseignement de la darija dans les règles de l'art. Avec la participation de grands linguistes, nous travaillons également sur la production d'un dictionnaire de la darija. Nous nous attelons aussi sur la grammaire de la darija. La darija que nous voulons développer est une darija propre, simple et réfléchie. Elle n'est ni vulgaire ni populiste. Le Centre œuvre dans ce sens. Il vise à travers ses rencontres à lancer la réflexion autour de cette question, en faisant participer des linguistes, sociologues, écrivains, artistes, intellectuels, ... le but étant de débattre du rôle de la darija dans le développement artistique, littéraire et éducatif du Maroc. En somme, le Centre milite pour la valorisation et le développement de la darija. Il entend en faire une langue d'expression dans tous les domaines : scientifique, économique, culturel, médiatique, éducatif, littéraire… La valorisation de la darija est aujourd'hui une nécessité pour réconcilier les Marocains avec eux-mêmes. Cette valorisation induira des avantages sociaux, économiques et éducationnels indéniables. Ne croyez-vous pas que la percée de la darija dans les domaines de la création menace la langue arabe classique ? Pas du tout. Les deux langues doivent coexister en parfaite harmonie. La darija doit être érigée en langue nationale. La darija a été longtemps délaissée. Elle doit être réhabilitée et lui rendre ses lettres de noblesse.