-La Fondation Yves Rocher récompense, pour la première fois, des Marocaines. -Le prix Terre de Femmes a été décerné, samedi, à trois militantes écolos. -Des dotations de 2.000 à 5.000 euros leur ont été allouées. Le premier prix d'une valeur de 5.000 euros a été décerné à une éco-citoyenne venue tout droit de la forêt Maâmora : Ouafaa El Irari. Demain sera un monde plus vert. Jacques Rocher en a fait un engagement personnel, puis celui des femmes du monde entier. Sa Fondation qu'il a baptisée du nom de son père, Yves Rocher, œuvre, depuis vingt ans, pour le développement d'actions écologiques locales à travers le prix Terre de Femmes. Ce dernier a été décerné, pour la première fois, à trois Marocaines. La cérémonie de remise de ce prix s'est tenue, samedi dernier à Marrakech, dans une ambiance à la fois émouvante et chaleureuse. Les lauréates, vedettes de la soirée, se sont fait remarquer par leurs caftans somptueux aux couleurs de la nature et leurs visages rayonnants. Venues d'horizons différents, elles ont, chacune à sa manière, porté le flambeau d'un monde plus vert. Le premier prix d'une valeur de 5.000 euros a été décerné à une éco-citoyenne venue tout droit de la forêt Maâmora. Elle s'appelle Ouafaa El Irari et est vice-présidente de l'Association marocaine pour l'écotourisme et la protection de la nature, dont elle est aussi membre fondatrice. Son bénévolat associatif a très vite cédé la place à une véritable passion pour l'univers de la nature. Ouafaa El Irari, informatiste, a donc logiquement contribué à la mise en place d'un éco-musée de la forêt Maâmora. Projet unique en son genre sur le plan national, cet espace, inauguré en 2005, accueille annuellement plus de 8.000 élèves de la région Rabat-Salé. Ils y découvrent les potentialités écologiques de la forêt et profitent d'une visite guidée où ils peuvent assouvir leur curiosité. Education et sensibilisation font la paire et transforment cet éco-musée en véritable école de l'écologie pour petits et grands. Ovationnée par l'assistance venue nombreuse à l'événement, Ouafaa El Irari a salué le dévouement de l'association où elle milite en lui dédiant son prix. Tout aussi engagée, mais sur un autre terrain, Taârabt Rachmain a décroché le second prix Terre de Femmes d'une valeur de 3.000 euros. La jeune marocaine de 32 ans a forcé l'admiration de tous, son entourage et ses connaissances bien avant celle du jury composé de six membres. A Essaouira où elle préside aux destinées de la coopérative Tamounte, créée en 2003 par l'ONG internationale ENDA Maghreb pour l'extraction de l'huile d'argan, elle s'est très vite imposée. Taârabt Rachmain, qualifiée par la Fondation Yves Rocher d'« hyper motivée et sensible aux problèmes de dégradation que connaît l'arganier », a appris une leçon dont elle fait une pratique collective : « Nous exploitons l'arganier, mais nous le protégeons aussi pour le préserver ». A la valeur économique, s'ajoute celle de l'écosystème qui, pour Tamounte, reste un cheval de bataille quotidien. Les femmes rurales doivent veiller sur cet arbre bienfaiteur afin de s'assurer de la pérennité de son apport économique. Située à proximité du massif d'Amssiten, zone classée par le Haut commissariat des eaux et forêts comme site biologique et économique, cette coopérative tente ainsi, avec le peu de moyens dont elle dispose, de transformer la femme rurale en actrice active de la conservation de l'arganier. Un peu plus loin sur la carte géographique, une même passion mais dans un autre domaine. Khadija Belekziz Chraïbi a décroché le troisième prix d'une valeur de 2.000 euros. Contrairement aux deux autres lauréates, elle n'a pas réussi à retenir ses larmes de joie. Encouragée par les applaudissements de l'assistance, Khadija Belekziz Chraïbi, native de la ville ocre, a exprimé avec une voix entrecoupée sa reconnaissance pour ce prix qui, pour elle, contribue énormément à motiver les bonnes volontés éco-citoyennes. Elle a, également, tenu à rappeler que la question de l'environnement préoccupe plusieurs de ses semblables prêtes à ne ménager aucun effort pour préserver la biodiversité au Maroc. Pharmacienne de formation, cette lauréate doit son prix à un projet pilote intitulé « Jasmine ». Il s'agit d'un jardin où l'on cultive des produits 100% biologiques servant d'ingrédients aux menus d'une cantine scolaire. 120 élèves de l'école primaire « Ibn Abi Sofra » à Marrakech dégustent les saveurs bio de ce jardin tout en apprennent à manger équilibré et à préserver l'environnement. Khadija Belekziz Chraïbi continue, avec l'Association Maghreb bio santé-environnement opérant dans la même ville, à développer ce projet modèle. Objectif : en faire profiter plus d'élèves, mais aussi leurs parents. La demande ne tardera certainement pas à se faire sentir. En tout cas, ce projet, une fois dupliqué, pourrait bien réveiller la conscience éco-citoyenne longtemps en répit. La Fondation Yves Rocher rend hommage à toutes ces femmes pour leurs actions et leur réitère sa volonté de poursuivre son chemin auprès d'elles et d'autres éco-citoyennes du Maroc. Rendez-vous, l'année prochaine.