Toutefois, la question se pose toujours de savoir qu'elle était la main qui avait commis le crime ? Parents et famille de la victime, amis, militants et l'opinion publique en général concernée mettent à profit le vingtième anniversaire de sa mort pour reposer le problème. L'affaire a donc rebondi vendredi dernier, marquée par une manifestation estudiantine organisée au sein du campus universitaire par des membres de la famille de la victime et des dizaines de militants associatifs. Banderoles hissées et slogans, ils n'ont pas hésité à accuser nommément un haut dirigeant du PJD d'être impliqué dans ce meurtre, exigeant de lui qu'il s'explique devant la justice. Rejetant la version officielle fournie selon laquelle l'assassinat de Benaïssa Aït Ljid serait l'œuvre d'un membre de la Jamaâ (Al Adl Wal Ihssane) lors des violents affrontements ayant opposé étudiants islamistes et gauchises le 25 Février 1993, les manifestants réclament la réouverture de l'enquête et un procès sur la base du témoignage du membre du PJD. Pour la famille, ainsi qu'aux yeux de certains observateurs présents lors du drame, les véritables commanditaires et exécuteurs de l'assassinat de Benaïssa doivent encore être recherchés. Ils n'ont pas hésité donc à évoquer le dirigeant du PJD, scandé à plusieurs reprises. A l'époque des faits, ce dernier avait déjà purgé près de deux années de prison pour avoir été confondu dans cette affaire et pris part aux violences qui opposaient alors les étudiants islamistes aux marxistes au sein de l'université de Fès. Même si son implication directe dans cette affaire est sujette à caution et reste à établir avec certitude, de nombreux témoins ayant vécu les conditions mystérieuses du meurtre de Benaïssa, rapportent que le dirigeant du PJD en question était présent le 25 février 1993 sur les lieux, notamment en sa qualité de premier responsable d'une faction du mouvement islamiste. Pour la famille, des « protections politiques » entraveraient le cours de la justice et empêchent que le dirigeant du PJD mis en cause , par ailleurs président d'une association de protection des droits de l'homme et l'un des hommes forts de la jeunesse du même parti, soit entendu . Le mystère continue donc à planer sur cette affaire qui rappelle bel et bien le meurtre en 1975 du leader socialiste Omar Benjelloun et dont le meurtrier a pourtant été identifié et condamné. La famille de Benaïssa Aït Ljid, les amis et l'opinion publique souhaitent voir émerger le devoir de vérité. Ils soulignent leur volonté de continuer à faire pression sur les autorités judiciaires – à leurs yeux délibérément laxistes – afin que le principal responsable soupçonné dans ce meurtre, soit écouté. Ils annoncent de nouvelles marches de protestation et leur intention de continuer à réclamer une enquête qui fasse la lumière définitive sur ce meurtre.