Le journal «Monde Amazighe» revient à la charge pour dénoncer ce qu'il qualifie de «discrimination» contre la presse amazighe. « La presse amazighe continue de subir la discrimination. Le gouvernement a fait des promesses pour sa promotion toutefois il n'a pas honoré ses engagements», regrette Amina Ibnou-Cheikh, directrice de ce mensuel. Cette professionnelle déplore d'abord la situation de la presse écrite de langue amazighe. « La presse écrite de langue amazighe agonise. La seule publication qui a réussi à survivre jusqu'à ce jour est « Le Monde Amazighe ». Les autres journaux ont fermé leurs portes faute de moyens financiers. Le dernier en date est « Tawiza». Il y avait plus d'une dizaine de journaux. « Agrawamazigh», « Tifraz », « Tamazight »…Malheureusement, aucun d'eux n'a pu survivre. Actuellement, un seul journal existe. C'est insensé! », s'indigne Amina Ibnou-Cheikh, qui réclame du gouvernement une action urgente. « Le gouvernement doit accorder des subventions conséquentes à la presse amazighe pour pouvoir assurer sa pérennité. Notre mensuel existe depuis 12 ans et ne reçoit que 200 000 DH. Notre publication répond à tous les critères exigés que ce soit en termes de paiement d'impôts, de déclaration des journalistes à la CNSS…Toutefois, nous recevons le plus bas montant. La presse amazighe a également besoin d'un accompagnement et de promotion », renchérit-elle. La presse électronique, bien que développée, souffre également de moyens financiers susceptibles d'assurer sa survie. «Il existe plusieurs sites électroniques en langue amazighe mais ils ont également besoin de financement pour continuer », revendique Amina Ibnou-Cheikh. «Le Monde Amazighe» dénonce également « l'exclusion de la presse amazighe des conférences de presse et des activités organisées par les ministères notamment des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Communication ainsi que des activités officielles pour lesquelles sont invités la majorité des journalistes marocains à l'exception des journalistes amazighes ». «Nous dénonçons l'état lamentable de l'amazighité dans les médias» Notre confrère amazigh réclame son droit de bénéficier de la publicité accordée par des établissements publics comme l'Office national des chemins de fer (ONCF) et l'Office chérifien du phosphate (OCP). « Nous constatons, avec regret, que plusieurs ministères, des sociétés publiques et privées continuent de pratiquer une discrimination ostensible et systématique envers la presse amazighe tels que le ministère du tourisme dirigé par un ministre du Mouvement Populaire, le Crédit Agricole (CA), la Banque Populaire (GBP), le Crédit Immobilier et hôtelier (C.I.H), la Royale Air Marocaine (RAM), l'Office national des chemins de fer (CNCF), l'Office chérifien du phosphate (OCP)...Ils continuent à priver les journaux amazighs de publicité, au moment même où ils restent généreux vis-à-vis des autres journaux arabes et français ». Autre grief formulé par «Le Monde Amazighe» concerne la situation de la langue amazighe dans les médias et l'enseignement: « nous dénonçons l'état lamentable de l'amazighité dans les médias et sa situation catastrophique dans l'enseignement, la justice et les différents secteurs de la vie publique. Nous faisons endosser l'entière responsabilité aux institutions de l'Etat qui doivent assurer le suivi et le contrôle ». A ce sujet, «Le Monde Amazighe» pointe du doigt la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) et les ministères de tutelle (enseignement, justice…). Dans son communiqué, «Le Monde Amazighe» salue par ailleurs, la décision de l'agence marocaine officielle d'informations pour la création de deux portails électroniques en langue amazighe. La publication mensuelle déplore dans son communiqué « l'exclusion des Amazighes des campagnes nationales de sensibilisation comme celle organisée dernièrement contre la corruption ». « La campagne médiatique a été élaborée dans toutes les langues exception faite de l'Amazighe. De même pour la campagne nationale de lutte contre les accidents de la route », s'indigne la directrice de la publication mensuelle qui s'élève contre le retard accusé dans la publication des lois organiques relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe.