De notre envoyé spécial à Bruxelles. Le bâtiment de Juste Lipse, au cœur du quartier européen à Bruxelles, a pris le temps de deux jours, les allures d'un studio de tournage de films à la hitchkokienne. Il aura en effet fallu quelque 26 heures de discussions avant que les chefs d'Etats et de gouvernement n'arrivent à se prononcer officiellement, vendredi 8 février aux alentours de 17h, sur les 960 milliards d'euros qui constituent désormais le budget septennal de l'UE pour la période 2014-20120. C'est la première fois, depuis 1956, que le budget se voit revu à la baisse, avec des coupes pour les lignes de crédits sectorielles de l'agriculture (373 milliards au lien de 421 décidés en 2007) et du Fonds de cohésion (325 milliards au lien des 355 de la période 2007-2013), alors que la Commission européenne avait proposé un budget global de 1 045 milliards d'euros. Après ce premier accord politique, le budget devrait franchir une seconde épreuve, puisque le Conseil sollicitera l'approbation du Parlement européen pour le vote définitif du budget. Petit détail, le cadre financier prochain comprend 28 Etats membres, l'hypothèse de travail étant que la Croatie adhérera à l'Union en 2013. L'UE et le reste du monde Le Conseil européen a souligné à plusieurs reprises qu'il fallait accorder la plus haute priorité à la promotion de l'emploi des jeunes. Il y a consacré une réunion extraordinaire en janvier 2012 et y a accordé une attention particulière dans le Pacte pour la croissance et l'emploi. Le soutien à l'initiative s'élèvera à 6 000 millions EUR pour la période 2014-2020. En terme de relations, notamment avec les pays-tiers, les politiques extérieures sont un grand domaine d'action de l'UE, qui a été renforcé par le nouveau cadre institutionnel établi par le traité de Lisbonne. Le cadre financier voté par les chefs de 27 soutient en principe l'UE dans sa détermination à développer son rôle en tant qu'acteur sur la scène internationale défendant des intérêts et exerçant des responsabilités sur le plan régional et mondial. Les instruments de financement du budget de la période 2014-2010, permettront de renforcer la coopération entre l'UE et ses partenaires et de soutenir plusieurs objectifs : promouvoir les valeurs de l'UE à l'étranger, investir dans la prospérité et la stabilité à long terme des pays du voisinage de l'UE, surtout ceux à l'Est est au Sud de l'UE. D'ailleurs, pour la période 2014−2020, l'Union européenne a veillé à ce qu'une proportion de 90 % au moins de son aide extérieure globale soit considérée comme une aide publique au développement selon la définition actuelle du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE. Mais, détails significatifs, le programme d'aide aux plus démunis est amputé de 40 %. Chaque Etat de l'Union devra donc composer seul devant ses propres citoyens et faire effort sans les 26. Par contre, 4,5 milliards de plus iront aux régions les plus défavorisées, en particulier en Europe de l'Est, au détriment du sous-budget dédié aux infrastructures avec une coupe nette de 10 milliards d'euros. Les gagnants et les perdants Le Premier ministre britannique, David Cameron, a finalement eu gain de cause auprès de ses électeurs, puisqu'il a obtenu la réduction du budget comme il l'a exigée. Il faut tout de même faire remarquer qu'Angel Merkel, la Chancelière allemande, a fini par prendre le camp de Cameron, un revirement de dernière minute qui, certainement, n'a pas été du goût du Président français François Hollande qui du coup perdra beaucoup dans le sous-budget consacré à l'agriculture. L'autre gagnant est Herman Van Rompuy, le président du Conseil de l'UE, qui finalement est arrivé à mettre tout le monde d'accord. Mais le feuilleton n'est pas fini. Les députés à Strasbourg doivent accorder, eux aussi, leur «oui», juillet prochain, avant que le budget ne soit définitivement adopté. Petit bémol, pour eux, ils devraient voter à bulletin secret, puisque la moitié des eurodéputés sont associés à des partis au pouvoir.