Les syndicats de l'enseignement les plus représentatifs du secteur de l'enseignement réagissent à la publication des chiffres concernant les certificats médicaux du corps enseignant. « Au lieu de s'attaquer à la véritable problématique de la réforme de l'enseignement public, le ministre fait diversion. Il créé des tensions inutiles et se focalise sur des sujets secondaires au lieu de régler la problématique de l'enseignement dans son ensemble », s'indigne Allal Belarbi, secrétaire général du Syndicat national d'enseignement affilié à la CDT (Confédération démocratique du travail). Pour ce syndicaliste chevronné, le ministre de l'Education doit d'abord s'attaquer aux problèmes du surpeuplement des classes, à l'amélioration des conditions de travail du corps enseignant et des outils de travail, à la réforme des cursus…la revalorisation des ressources humaines et la formation des enseignants. «Ce n'est qu'après avoir solutionner tous ces problèmes que le ministre de l'Education peut parler des obligations du corps enseignant », renchérit Allal Belarbi. Même son de cloche chez le syndicat national de l'enseignement de la FDT (Fédération démocratique du travail). Pénurie d'enseignants depuis 15 ans Son secrétaire général Abdelaziz Iouy accuse le ministre de l'Education de vouloir faire porter le chapeau de l'échec de la réforme de l'enseignement aux enseignants. « A travers la publication de ces chiffres, le ministre de l'Education veut montrer à l'opinion publique que le responsable de l'échec de la réforme de l'enseignement est le corps enseignant. Il ne s'est pas posé la question sur les raisons de l'augmentation du nombre des certificats de maladies des enseignants », souligne-t-il avant de poursuivre : « Je vais rafraîchir la mémoire à monsieur le ministre. Le système éducatif souffre d'un manque de ressources humaines de l'ordre de 30 000 enseignants. Cela fait 15 ans que les écoles souffrent de cette pénurie d'enseignants. Mais, la tutelle ne parle jamais de cette problématique ni de l'approche à adopter pour palier à ce manque. Les classes sont surpeuplés. Certaines classes comptent 50 élèves. Il est tout à fait normal que l'enseignant souffre de maladies physiques et psychologiques. Le ministère de l'Education use le corps enseignant. C'est le ministère de l'éducation qui est le seul responsable de cette situation ». Le nombre des certificats médicaux des enseignants augmente Pour rappel, 17 640 certificats médicaux ont été enregistrés au cours de la période allant du 24 juin au 24 décembre 2012, totalisant 55 852 journées de maladie. Des jours bien sûr perdus pour les élèves. Selon le Département de Mohamed El Ouafa, le plus grand nombre de certificats a été enregistré dans la région de Souss-Massa-Drâa avec 4 036 certificats médicaux. La région de Oued Ed-Dahab-Lagouira compte seulement 15 certificats médicaux. Selon la même source, le secteur de la médecine privée représente la première source des certificats médicaux en totalisant 9 644 certificats, au moment où celui de la médecine publique en constitue la deuxième avec 7 833 certificats. Dans son communiqué, le ministère de l'Education précise que 7 328 certificats médicaux proviennent du milieu rural et 10 312 du milieu urbain, soit une moyenne de 58,46% du total des certificats médicaux. Le ministère de l'Education va plus loin dans son analyse. Il souligne que « certains médecins ont délivré un nombre élevé de certificats médicaux dans certaines régions du pays comme le cas d'un médecin qui a délivré à lui seul 229 certificats ». Une grève générale le 12 février Une situation qui a mis la puce à l'oreille du ministère. Il a décidé d'adresser des correspondances à ce sujet aux parties concernées notamment les délégations de l'éducation et le ministère de la Santé. Une enquête sera-t-elle ouverte ? Les enseignants seront-ils sanctionnés ? Quel genre de sanctions prévoit la réglementation en vigueur ? « La procédure normale impose aux délégations du ministère de l'éducation et de la santé de procéder au contrôle. S'il s'avère que l'enseignant n'est pas malade, on opère des ponctions sur son salaire pour les jours d'arrêt de travail », note une source au ministère de l'éducation. La polémique autour des certificats de maladies risque d'enfler. Pour mettre fin à cette polémique, les syndicats de l'enseignement affiliés à la CDT et à la FDT devaient se réunir hier après-midi avec le ministre. Les deux syndicats annoncent également une grève générale le 12 février et un sit-in devant le ministère de tutelle. Leur mot d'ordre est « la réforme du système d'enseignement ».