La 5e Corde, récompensé par le prix du Jury au Festival du cinéma africain de Khouribga, film évoquant le destin d'un homme depuis sa rencontre avec la musique andalouse, a été récompensé au Festival d'Oran du Film Arabe. Rencontre avec sa réalisatrice, Selma Bargach, qui débarque, le sourire en bannière, un livre sur la culture andalouse sous le bras. La 5e Corde a été présenté en compétition officielle au Festival d'Oran du Film Arabe et le prix d'interprétation masculine a récompensé le comédien Hichem Rostom. Que vous inspire cette nouvelle récompense ? J'étais très heureuse car Hichem est un acteur tunisien et que ce festival se déroule en Algérie. Une fois de plus, l'art et la culture fédèrent les différents pays arabes, tel un Maghreb uni, quand les politiques ne parviennent pas à le faire. J'étais d'autant plus touchée, puisque la bande originale du film a été réalisée par Safy Boutella, talentueux compositeur algérien. Le choix de la musique est apparu au plus fort de l'écriture, car la musique est le personnage principal, il fallait le faire évoluer, tel un personnage à travers le parcours initiatique, spirituel de Malek (Ali Esmili). J'avais imaginé le trio Joubran, par rapport à la musique andalouse, puis ma rencontre avec Safy Boutella est arrivée plus tard. Je l'ai vu à Montpellier lors du pitch de mon film. Alors qu'il passait, il s'est arrêté et a attentivement écouté ce que je disais.Il devait d'ailleurs être parmi nous à Oran, pour la présentation de la 5e Corde mais, il était à Paris, où il devait finaliser un travail. La salle de cinéma qui pouvait accueillir 1 200 places était comble : je ne m'attendais pas à ce que les spectateurs algériens apprécient autant mon film. Hichem Rostom n'a malheureusement pu être présent car il est actuellement en tournage. Hichem Rostom a notamment accueilli ce rôle avec un enthousiasme particulier… Oui ! Ce premier long-métrage se situait, dans trois villes : Essaouira, Casablanca et Tanger. En écrivant le scénario, je pensais à Hichem Rostom que j'avais vu dans Le silence des palais. Je lui ai envoyé le scénario finalisé le jour de son anniversaire. Il a accepté le rôle en me disant que c'était un très beau cadeau... En ce qui me concerne, je lui ai alors dit qu'il était mon cadeau. Je suis fier de son interprétation et du travail que nous avons accompli. C'est un grand monsieur, d'un rare professionnalisme. La 5e Corde a connu une riche vie à travers les festivals… Absolument ! Il a été présenté à Taïwan, en Corée du Sud, en Europe, ainsi qu'aux Etats-Unis. Je ne m'attendais à ce qu'il voyage autant et aussi bien. Il a été couronné par sept prix, cinq récompenses et deux mentions. Ce que j'en retiens surtout, ce sont les débats avec les différents publics des quatre coins du monde, s'avérant particulièrement enrichissants. D'un pays à l'autre, il arrive La réalisatrice Selma Bargach. que les mêmes questions reviennent mais, elles se révèlent parfois bien différentes. Il s'agit d'un film intemporel, pensé tel un conte, c'est cet aspect qui a suscité l'intérêt du public car il évoque notre culture sous un autre prisme. Une jeune spectatrice marocaine, m'a remercié en me confiant que grâce à La 5e Corde, elle avait une image différente et qu'elle s'est réconcilié avec sa propre culture. Et le film parle précisément de réconciliation et de fusion. Comment avez-vous vécu Festival du Film d'Oran… ? Nous avons été très bien accueillies ma productrice, Rachida Saadi, et moi-même. Les Oranais apprécient énormément les Marocains, on est vraiment loin des discours politiques ayant tendance à nous diviser, les Algériens adorent notre Selma Bargach : « Hichem Rostom est mon cadeau ». culture. Le consul du Maroc, nous a honoré par sa présence et celle des membres du consulat. La communauté marocaine installée à Oran, est venu en grand nombre lors de la présentation du film. Les nombreuses télévisions nous ont interviewé activement, différents débats, tables rondes et rencontres ont ponctué cette semaine de festival qui a réunit 14 pays arabes et films en compétition officielle. Tous les accents chantant du Maghreb et du Machrek, ont fait un bel écho durant cet événement. Une table ronde s'est ainsi tenue autour d'un état des lieux du 7e art au Maghreb, englobant la production marocaine, algérienne et tunisienne dans l'optique de de co-production transversales. Le Maroc, a été cité en exemple et en modèle honorable, affichant une belle vitalité. Justement, parlez-nous de l'URAM (Union des réalisateurs et auteurs marocains) ... L'URAM existe depuis 2001. J'en suis actuellement la trésorière, il s'agit d'un groupe d'auteurs et de cinéastes qui défendent activement, les droits et la diversité de la profession. Et ce, à travers toutes les initiatives relatives au cinéma. Une plateforme, ouverte au public, est en cours d'élaboration. Elle permet d'accéder aux informations propres aux différents métiers du 7e art au Maroc. Nous avons émis de nombreuses proposition lors des Assises Nationales du Cinéma, qui se sont tenues à rabat, en octobre dernier. A présent, nous espérons que le plus grand nombre de ses demandes entrent dans les faits. * Tweet * * *