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« Nous voulons garder la casquette de contrôleur » | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 21 - 12 - 2012

Les inspecteurs de travail se donnent rendez-vous ce samedi 22 décembre à Rabat pour débattre des handicaps et freins qui touchent à leur profession. La rencontre est initiée par l'Association marocaine des inspecteurs de travail. Entretien avec son président Tarik Mohamed.
« L'inspecteur de travail assume deux missions qui ne se marient jamais à savoir la mission de contrôleur et de conciliateur », dénonce Tarik Mohamed.
Vous organisez ce samedi une rencontre sur « le rôle de l'inspecteur de travail dans la construction de l'Etat de droit et de justice». Que pouvez-vous nous dire sur la situation de l'inspection de travail aujourd'hui, après plus de 80 ans d'existence ?
D'abord, il faut rappeler que l'inspection du travail a été cré au cours du Protectorat. Elle a souffert d'un manque de pouvoir réel et de potentiels humain et matériel nécessaires pour assurer un contrôle efficace des secteurs de production en vertu de la législation de travail en vigueur. Les inspecteurs eux-mêmes et les organisations professionnelles ont toujours formulé le souhait de renforcer le rôle de l'institution de l'inspection du travail et son implication dans le respect des lois sociales régissant les relations employeurs salariés. Le but étant de stabiliser et promouvoir le tissu économique du pays. Malgré que les recommandations des institutions internationales du travail ont été ratifiées par le gouvernement marocain, la situation n'a pas changé d'un seul iota.
Le ministre de l'Emploi a déclaré mercredi dernier lors d'une rencontre à Casablanca sur « la santé et la sécurité au travail » que l'effectif des inspecteurs a été renforcé mais il reste beaucoup à faire pour améliorer le contrôle des entreprises et veiller sur le respect du code du travail. Combien d'inspecteurs de travail compte l'Etat ?
Leur nombre actuel est de 450 dont 350 exercent le contrôle directement sur le terrain. Cependant, cet effectif reste insuffisant pour lever le défit que rencontre ce corps des inspecteurs vu l'accroissement de l'activité économique du pays.
Quelle évaluation faites-vous de la situation sociale, financière et professionnelle des inspecteurs de travail ?
Devant les attentes des partenaires sociaux de l'inspection du travail, cette dernière est, et restera, dans l'incapacité de faire face à ces attentes si elle ne bénéficie pas de la protection juridique ainsi que le renforcement de son statut actuel et de la logistique humaine et matérielle.
Quels sont les problèmes que rencontre l'inspecteur de travail pour accomplir sa mission ?
Il faut d'abord souligner que les fonctions de l'inspecteur de travail sont nombreuses (65 fonctions, ndlr) et contradictoires. L'inspecteur de travail assume deux missions qui ne se marient jamais à savoir la mission de contrôleur et de conciliateur. C'est insensé ! On ne peut pas être juge et partie prenante. Ailleurs, ces deux missions sont dissociées. Ce sont deux corps de métier différents. Nous voulons garder uniquement la casquette de contrôleur.
À cela s'ajoute le manque de synergie et de complémentarité avec le corps magistral. Les inspecteurs de travail assurent une fonction colossale pour élaborer les rapports. Ils se déplacent avec les moyens de bord, supportent les insultes voire la violence de certains responsables d'établissements qui refusent de les laisser faire leur travail. Parfois, la situation dégénère et la police intervient pour dénouer la situation. Parfois, après établissement et transmission des procès verbaux mentionnant les infractions relevées par l'inspecteur de travail, on se rend compte que ces rapports restent parfois lettres mortes. On ne connaît plus l'issue donnée à ces procès verbaux. Nous voulons travailler en concertation avec les magistrats pour aboutir à plus d'efficacité.
Que pouvez-vous dire sur la législation organisant cette profession ?
Les textes de lois régissant cette profession restent en deçà des attentes des professionnels de ce corps ainsi que leurs partenaires sociaux. Nous avons toujours réclamé une révision de ces lois afin de doter cette profession d'un arsenal juridique qui sera à la hauteur de ses aspirations. L'une de nos revendications urgentes est la protection juridique des inspecteurs de travail. Lors de l'exercice de notre profession, nous sommes confrontés à l'opposition de certains établissements, aux insultes, à la violence… Parfois, nous sommes obligés d'envoyer deux agents au lieu d'un, histoire d'assurer la sécurité de nos inspecteurs. Nous nous protégeons avec nos propres moyens. La situation est intenable et doit changer dans l'intérêt de la profession. .
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