Le responsable d'une société de livraison de médicaments à domicile derrière les barreaux depuis plus de trois semaines. Pour l'instant l'affaire est entre les mains du juge d'instruction dans l'attente de l'accomplissement des formalités. « Le pharmacien qui exécute les ordonnances pour le compte de ladite société, s'exposera à des sanctions disciplinaires », mettent en gardent des syndicats. Cela fait déjà 24 jours que Y. M, responsable d'une société spécialisée dans les services santé à domicile, attend son jugement derrière les barreaux du centre pénitentiaire Oukacha à Casablanca. Parmi les services proposés par la société en question figure un service de livraison de médicaments à domicile. Une activité qui s'est rapidement attirée les foudres de la communauté des pharmaciens via quelques syndicats, reconnus ou pas, qui n'ont pas hésité à porter l'affaire devant la justice pour commercialisation de médicaments sans autorisation, exercice illégal d'une profession, ainsi que pour d'autres chefs d'accusations plus moindre. Pris en «flagrant délit» Le responsable de la société « Pharma Service » a été interpelé en « flagrant délit», indique l'avocat du syndicat des pharmaciens de Casablanca en charge de l'affaire, après une enquête menée par la police judiciaire. « Ce n'est pas une enquête normale. Lorsqu'on est dans un cadre criminel, l'affaire est mise entre les mains du juge d'instruction. L'accusé, quant à lui, restera en prison le temps qu'il faudra jusqu'à l'accomplissement des formalités et la tenue du procès», explique-t-il. Présentée ainsi, la situation semble claire. Toutefois, les proches de Y.M ne comprennent toujours pas la nature du crime et voudraient dénoncer une situation « floue et incompréhensible». « Rien de ce qu'on nous reproche n'est vrai. Nous n'avons jamais fait de vente de médicaments et nous ne jouons ni à l'intermédiaire, ni au pharmacien. Tout ce qu'on fait c'est d'offrir un service de livraison pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer, pour une raison ou une autre, et sans percevoir de commissions », nous dit la manager de la société avant de poursuivre : « jusqu'à aujourd'hui, on n'a aucune nouvelle de notre directeur. C'est une situation opaque et floue. Pour notre part, on attend ». Un des proches de Y.M, souhaitant garder l'anonymat, nous a pour sa part déclaré que les chefs d'accusations retenus contre le responsable de la société Pharma Service sont totalement vides de sens. « Ils n'ont fait que les coursiers. Prendre une ordonnance sous pli, la remettre au pharmacien, prendre le pli cacheté par le pharmacien avec les médicaments à l'intérieur et l'ordonnance, puis remettre le tout au client qui reste, selon le code déontologique des pharmaciens, libre de choisir où et comment il veut acheter son médicament » affirme-t-il. La même source ajoute : « ce n'est pas normal d'oublier comme ça une personne en prison. Une démarche normale aurait d'abord concerné ladite activité pour déterminer si elle est contraire à la loi, puis attendre un jugement pour pouvoir l'appliquer. Mais cela reste idyllique». Un concept qui se voulait citoyen L'activité principale de Pharma Service est d'offrir des services santé à domicile. Selon leur site web, ladite société « se veut être un service citoyen et un maillon complémentaire et un acteur actif dans le paysage de la santé au Maroc». La manager de la société nous dit que ces services s'adressent « aux personnes à mobilité réduite, géographiquement loin des pharmacies et des pharmacies de garde, qui n'ont pas de moyens de transport, ou encore aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer à cause de leurs enfants ». L'idée même de créer ce type de service serait venue à Y.M lorsqu'une dame tenant son enfant souffrant dans les bras serait venue lui demander de la laisser le devancer dans la file d'attente devant une pharmacie, car le taxi l'attendait. Prestation de service Aujourd'hui, la société offre ses services et les facture selon la tranche horaire, indépendamment du contenu de la livraison. Des tarifs qui ne dépassent pas les 50 dirhams par livraison. Ce qui ressemble plus à de la prestation de service qu'à du commerce. « il n'y a ni stocks de médicaments, il n'y a jamais eu de vente en plus toutes les transactions sont datées et traçables », indique une source proche de l'accusé. Pour leur part, et dans un document publié sur des sites spécialisés, certains syndicats dénoncent cet acte qualifié d' «exercice illégal de la profession,» en référence à l'article 112 de la loi 17/04. Selon la même source : « Le pharmacien qui exécute les ordonnances pour le compte de ladite société, s'exposera à des sanctions disciplinaires pour infraction au code de déontologie, notamment ses articles 14, 22 et 23 ». Par ailleurs, l'avocat de l'accusé enclenchera une procédure de libération provisoire pour sont client dès aujourd'hui. * Tweet * *