-L'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, il y a 5 ans, l'avait contrainte à un humiliant retrait de ses troupes. troupes. - Pour sa part, Hariri, qui n'accuse plus publiquement Damas d'être derrière l'assassinat de son père. Marwane Hamadeh : «Je ne dirais pas que les Syriens sont de retour : ils ne sont jamais partis» L'indignation suscitée au Liban, dans le monde arabe et en Occident par l'assassinat de Rafic Hariri, auquel Damas se dit étranger, avait obligé la Syrie à relâcher son emprise sur son petit voisin, où elle conserve néanmoins de puissants alliés, à commencer par le mouvement de guérilla chiite Hezbollah. Parallèlement à son regain d'influence au Liban, avec la bénédiction de l'Arabie saoudite, dont Hariri était proche de même que son fils Saad, actuel Premier ministre, la Syrie retrouve sa place politique au Moyen Orient et sur la scène internationale. Signe qui ne trompe pas : pour la première fois depuis l'assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, les Etats-Unis s'apprêtent à renvoyer un ambassadeur à Damas. Cependant, l'époque où le chef du Renseignement militaire syrien au Liban donnait des ordres péremptoires aux hommes politiques locaux, sans excès de précautions oratoires, paraît révolue. Mais le Liban n'en est pas pour autant devenu un pays pleinement souverain, le pays du Cèdre a simplement, une relation plus normale avec la Syrie. Les deux pays ont chacun ouvert une ambassade dans la capitale de l'autre, pour la première fois depuis l'indépendance libanaise, dans les années 1940, indépendance que la Syrie n'avait jamais explicitement reconnue, estimant que la Syrie et le Liban sont un seul pays qui a été coupé en deux, artificiellement, par la France, puissance mandataire. La visite de Saad Hariri en décembre à Damas est peut-être encore plus significative des changements intervenus entre le Liban et la Syrie, dans la mesure où il avait toujours accusé celle-ci de l'assassinat de son père. Hariri est devenu Premier ministre à la suite de la victoire de sa coalition soutenue par l'Arabie saoudite et l'Occident, en premier lieu la France, mais il dirige un gouvernement d'unité nationale au sein duquel le Hezbollah et les autres alliés de la Syrie ont obtenu d'avoir leur mot à dire. Les hommes politiques libanais qui espéraient que les Etats-Unis, la France et l'Arabie saoudite dénieraient à la Syrie un droit de regard au Liban à la suite du retrait de ses troupes, en 1975, ont dû ajouter de l'eau à leur vin. Le chef druze Walid Djoumblatt, un des détracteurs les plus virulents de la Syrie, a quitté l'an dernier le gouvernement Hariri pour se mettre en retrait et on s'attend qu'il fasse, à son tour, le voyage de Damas. Mais Marouane Hamadeh, un collaborateur de Walid Djoumblatt qui a échappé à une tentative d'assassinat en octobre 2004, ne croit pas à une véritable réconciliation avec la Syrie. «Je ne dirais pas que les Syriens sont de retour. Dans les domaines de la politique et du renseignement, ils ne sont jamais partis», confie-t-il à la presse. L'hégémonie syrienne est moins ostentatoire, mais elle a trouvé des formes plus subtiles, notamment par le biais du droit de veto que les partis alliés de Damas ont obtenu au sein du gouvernement libanais après une démonstration de force de leurs miliciens en mai 2008 à Beyrouth. Par la suite, l'Arabie saoudite a enterré sa querelle avec la Syrie, dans l'espoir de stabiliser le Liban, d'apaiser les tensions entre chiites et sunnites au niveau régional, de rétablir un semblant d'unité arabe et d'éloigner Damas de Téhéran. Désormais, la plupart des hommes politiques libanais s'efforcent de ne pas s'aliéner les bonnes grâces de la Syrie. Le président Michel Souleïman téléphone une fois par semaine à son homologue syrien Bachar al Assad. Pour sa part, Hariri, qui n'accuse plus publiquement Damas d'être derrière l'assassinat de son père, a eu le chef de l'Etat syrien plusieurs fois au téléphone depuis sa visite à Damas. «Quand Syriens et Saoudiens s'entendent, les hommes politiques locaux n'ont d'autre choix que d'être au diapason», soulignent les observateurs politiques libanais. Les progrès espérés par Saad Hariri vers des relations normales d'Etat à Etat avec la Syrie risquent de se faire attendre. Parmi les problèmes en attente figurent la démarcation de la frontière commune, le démantèlement des bases palestiniennes qui la ponctuent, la révision des traités bilatéraux et le sort de Libanais disparus durant l'occupation syrienne.