La 15e édition du Festival Gnaoua & Musiques du monde a démarré jeudi dans la ville du vent, et célèbre la Fête de la musique. Zoom sur les nouveautés du festival, qui accompagnent cette date symbolique. Le festival Gnaoua et Musiques du monde promet cette année des résidences, des concerts et des fusions inspirées, comme à l'accoutumée, des sonorités du monde. Le Festival Gnaoua & Musiques du monde se joint cette année à une célébration planétaire : la Fête de la musique, et promet, à côté des des résidences artistiques, des lilas et des fusions déterminantes, trois nouveautés : un forum de discussion sous le thème « Sociétés en mouvement, cultures en liberté », une anthologie qui se veut une initiative pionnière, à savoir la retranscription de l'ensemble du patrimoine gnaoui, et un coffret CD+ DVD compilant les grands moments des éditions précédentes du festival. Placé sous le signe de la culture comme vecteur de changement et intitulé « Sociétés en mouvement, culture en liberté », le forum prévoit deux tables rondes qui se dérouleront pendant deux jours, et décrypte la dimension politique dans la création artistique. Durant ces deux jours, acteurs associatifs et culturels débattront de la culture dans les projets de société et les politiques publiques. Un des intervenants, l'écrivain et journaliste marocain Driss Ksikès, dissèque la thématique de la culture responsable: « Il faut faire en sorte que la société ait des fenêtres constamment ouvertes sur l'inconnu, le rêvé, le possible, le beau, le sublime, et qu'elle y trouve autant de plaisir que matière à réfléchir. Cela se traduit par un travail de mise en réseau des acteurs, avec les écoles, les associations, les publics ». Une démarche engagée, longtemps prônée par le festival, qui se déclinera vendredi et samedi à la place la Caravelle de l'hôtel Atlas Essaouira & Spa. Une ode à la mémoire Le deuxième projet phare du festival, l'anthologie des Gnaoua, s'érige en un projet intégral et ambitieux qui retrace le patrimoine gnaoua et vise à perpétuer cette pratique artistique, dans sa forme la plus artisanale. Ahmed Aydoun, musicologue et un des initiateurs de ce projet, explique les enjeux derrière cette initiative : « Auparavant, des enregistrements partiels et composites ont été réalisés, partiels parce qu'ils ne s'attaquent qu'à des parties du répertoire,et composites parce qu'ils introduisent souvent des créations modernes ou des emprunts à d'autres répertoires traditionnels ». Le projet répertorie les quatre grands ensembles répartis par région, et se décline en plusieurs CDs, ainsi qu'un livre retraçant l'histoire et les spécificités de cette discipline. Il valorise la tradition pure, et s'agrémente, au besoin, des variances régionales. « Nous avons respecté la tradition musicale et tous les éléments qui la constituent : les instruments, la rythmique, le style du chant, l'agencement des parties, c'est pourquoi nous avons écarté les nouvelles compositions, et évité les arrangements musicaux qui courent en ce moment dans les spectacles et les enregistrements », précise Mr Aydoun. Quant à la retranscription des textes « elle sera utile aux mélomanes et aux chercheurs soucieux d'étudier la configuration thématique et les éléments lexicaux issus de la rencontre de plusieurs survivances linguistiques », poursuit-il. Troisème projet-phare du festival : un coffret CD+ DVD couronnant les quatorze éditions du festival, et qui sera disponible à la Fnac à partir du 18 juin. Ce coffret sera accompagné d'un documentaire inédit englobant six cents heures d'archives, réalisé par Abderrahim Mettour de Sigma Technologies. Sonorités d'ici et d'ailleurs Placé plus que jamais sous le signe de la culture digne et responsable et de la musique thérapeutique, le festival Gnaou et Musiques du monde promet cette année des résidences, des concerts et des fusions inspirées, comme à l'accoutumée, des sonorités du monde. Des grands noms du jazz investiront cette édition les scènes d'Essaouira tels que le guitariste Sylvain Luc et son trio, le saxophoniste sud-africain Soweto Kinch, le Trio Joachim Kühn, Majid Bekkas et Ramon Lopez, et d'autres musiciens qui joueront aux côtés de grands mâalems du répertoire gnaoua. La présence africaine n'est pas en reste, et les festivaliers auront l'occasion de savourer la performance de la diva malienne Oumou Sangaré et du chanteur sénégalais Carlou D. Du côté de la programmation locale, les Hoba Hoba Spirit, Mayara Band et Bob Maghrib seront de la partie, se produisant en solo. Cap sur des moments euphorisants, et des rencontres à la fois réfléchies et spontanées. * Tweet * * *