Le Forum international des femmes, qui réunit plus de 800 femmes leaders du monde entier, a décidé d'organiser sa conférence annuelle pour la première fois à Rabat et dans un pays du Maghreb. Du 30 mai au 1er juin, les discussions ont porté sur l'avenir du monde arabe. Pour Asma Chaabi, le Maroc a ses spécificités C'est dans une simplicité déconcertante que nous a reçu Asma Chaabi, présidente-fondatrice de l'antenne marocaine de IWF. Sans elle, l'organisation de la conférence n'aurait jamais pu se faire au Maroc. IWF Maroc (International Women's Forum) a vu le jour il y a quelques années. Quel rôle avez-vous à jouer dans la région ? Aujourd'hui, il faut préciser que nous sommes le seul et unique membre dans la région. Ce statut nous confère la mission de trouver le moyen d'ouvrir d'autres antennes dans des pays voisins. Nous sommes les conseillers spéciaux de IWF Global dans ce domaine. D'ailleurs, nous avions déjà commencé à travailler avec la Tunisie, mais il est arrivé ce qui est arrivé, et nous avons arrêté. On travaille actuellement avec le Sénégal, et une antenne de IWF pourra ouvrir prochainement dans ce pays. Comment avez-vous pu convaincre le bureau central de vous laisser organiser la conférence annuelle au Maroc ? J'ai commencé à réfléchir à cela dès mon retour d'un voyage à Washington, où j'avais été invitée pour modérer une rencontre réunissant tous les pays qui avait fait la révolution. Je suis rentrée en me disant qu'il y avait quelque chose à faire sur cette thématique. Quand j'ai été élue présidente du IWF Maroc, j'ai postulé et la candidature a été acceptée. Il faut noter que ces forums sont autonomes. À chacune de se charger de son organisation. Quand vous parlez de femmes leaders, vous évoquez quel type de leadership ? Les femmes qui composent IWF Maroc sont issues du rural. Elles sont élues du rural, médecins du rural, ingénieurs, magistrates, ou encore chefs d'entreprise. Elles sont sélectionnées par cooptation. Nous sommes très électives et sélectives. Et on nous demande souvent pourquoi d'ailleurs. Nous vous posons alors la question : pourquoi IWF Maroc n'est-il pas ouvert à toutes les intéressées ? Il faut absolument qu'elles soient engagées pour leur pays. Et que cet engagement soit sincère ! Il faut qu'elles veuillent donner à leur pays. Les femmes choisies doivent être impliquées dans l'associatif, mais spécifiquement sur le terrain. C'est une implication concrète et réelle, il ne suffit pas d'aller dans les banquets. Dans notre statut, il est par ailleurs stipulé que notre préoccupation est la situation de la jeune fille rurale. Même si on se préoccupe également de la formation de la femme urbaine qui vit dans la précarité. Depuis la création de IWF Maroc, quelles ont été vos principales actions ? Nous avons adhéré à IWF à Hong Kong, en 2009. En 2010, nous avons lancé une action permettant aux Marocains, au domaine associatif, et à nos institutions, de nous connaître. En 2011, nous nous sommes rendues dans la région de Chefchaouen, pour célébrer la femme, et pouvoir être proches de toutes ces associations rurales. À travers notre réseau, ces femmes rurales et nos membres ont pu générer de la richesse. Notre projet actuel est la construction de « Dar Attaliba » partout au Maroc. Il s'agit de penser à tous les moyens à mettre à disposition de la fille rurale pour qu'elle aille à l'école. Ce n'est pas normal que 55 % de nos Marocaines soient analphabètes. Quelle est justement l'importance de réunir autant de femmes du monde entier à Rabat, et d'évoquer avec elles ces questions ? Le Maroc a été comparé à d'autres pays de la région où a démarré ce Printemps arabe. Or le Maroc a ses spécificités. Oui, nous sommes dans une révolution, mais elle est pacifique. Avec tous les Marocains, on s'écoute, on débat, on parle, on dit ce qu'on pense. Et il faut le montrer ! Le Maroc est donc un exemple à suivre… Ce n'est même pas pour donner l'exemple, mais juste pour dire qui nous sommes. Pour les étrangers, nous sommes tous pareils. Il n'y a pas de différence entre Marocains, Tunisiens ou Algériens. Alors que ce n'est pas vrai. Cette rencontre devait se faire. Et il fallait les faire venir maintenant ! C'était un rêve qui est devenu réalité. Jamais l'organisation d'une conférence IWF n'a été confiée auparavant à un aussi petit forum. À Rome, elles sont par exemple plus de 85 femmes membres. Au Maroc, nous ne sommes que 23, et nous avons réussi ! * Tweet * * *