Les Algériens se sont rendus aux urnes hier, pour élire les 462 députés à l'Assemblée nationale algérienne. Le principal enjeu du scrutin était le taux de participation, que l'on annonçait faible. Bureau de vote à Alger. 21 673 345 électeurs étaient appelés aux urnes, pour ce scrutin à un tour, jeudi, pour renouveler un parlement élargi. Si les autorités algériennes ont jeté toutes leurs cartes pour faire réussir ce scrutin, la population algérienne, elle, ne semblait pas très enthousiaste. 21 673 345 électeurs étaient appelés aux urnes, lors d'un scrutin proportionnel à un tour, jeudi, pour renouveler un parlement élargi, étant passé de 389 à 462 sièges suite aux récentes réformes initiées par le président Abdelaziz Bouteflika. Des réformes entamées dans le sillage du Printemps arabe, censées redonner de la crédibilité à l'action politique en Algérie. Le président lui-même, s'est particulièrement investi pour faire réussir ces élections. Contrairement à son habitude, il a cette fois-ci, à plusieurs reprises, incité les algériens à voter massivement au scrutin législatif. Pourtant, les observateurs prédisaient une abstention record, comparable à celle de 2007, lors de laquelle 64 % des électeurs avaient boudé les urnes. Les électeurs ne se pressent pas Le jour du vote a été rendu férié par les autorités, espérant pouvoir inciter les citoyens à voter en masse. À Alger, dans la matinée de jeudi, les bureaux de vote étaient loin d'être bondés. Agents de la mairie et forces de l'ordre étaient bien plus présents que les électeurs. Ceux-ci étaient principalement constitués d'hommes, les femmes ayant été visiblement moins nombreuses à aller voter ; quand aux jeunes, ils étaient quasiment inexistants. Pourtant, le jour du vote a été rendu férié par les autorités, espérant pouvoir inciter les citoyens à voter en masse. Lors du discours prononcé deux jours avant le scrutin, Abdelaziz Bouteflika a particulièrement invité les jeunes à se rendre aux urnes, adoptant une posture paternaliste. Le président a d'ailleurs montré l'exemple en votant, tôt dans la matinée, dans les hauteurs d'Alger. Accompagné de ses neveux et de son frère Saïd, il a particulièrement pris son temps pour examiner les différents bulletins de vote. La télévision algérienne passait en boucle les images du vote de Bouteflika, mais aussi d'autres responsables algériens, à l'image du secrétaire général du Front de libération national (FLN) Abdelaziz Belkhadem. Retour du FFS 44 partis étaient en lice pour concourir à la députation. 17 ont récemment été accrédités par les autorités suite aux réformes politiques de Bouteflika. Outre le FLN et le RND de Ahmed Ouyahya, le FFS de l'emblématique Hocine Ait Ahmed a, contrairement aux scrutins précédents, décidé de participer aux législatives du 10 mai. Leurs frères ennemis du RCD ont à l'inverse, décidé de boycotter le scrutin, le jugeant dénoué d'enjeux. Et selon son nouveau président, Mohcine Belabbas, « le pouvoir essaie de gagner du temps en organisant ces élections ». Polémique autour du fichier électoral De nombreux journalistes étrangers ont fait le déplacement. Dans les bureaux de vote, peu de femmes ou de jeunes. Pour crédibiliser ce scrutin, les autorités ont fait appel à 500 observateurs étrangers. Ceux-ci ont d'ailleurs été privés de consulter le fichier électoral national, alimentant les soupçons de fraude. Les autorités ont même élevé le ton face à la mission des observateurs de l'UE, en les accusant, à demi-mot, d'ingérence. « La mission d'observation européenne, comme les autres missions d'observation, et comme cela est spécifiquement mentionné dans les mémorandums d'entente conclus avec chacune d'entre elles, doit poursuivre sa tâche avec discernement, impartialité, objectivité et dans la discrétion, loin de toute polémique ou surenchère qui peut porter préjudice à la crédibilité de sa mission », stipulait un communiqué du ministère des Affaires rendu public, en réaction à la polémique. Pour la presse algérienne, c'était « Le scrutin de toutes les incertitudes », pouvait-on lire sur la « une » de El Watan du jeudi 10 mai, alors que le journal pro-gouvernemental El Moudjahid s'est montré plus euphorique avec un « C'est parti ! ». Pour El Watan, quotidien connu pour sa liberté de ton, le régime algérien « joue sa survie », et compare le scrutin à « un test, une halte qui ouvrira une brèche d'analyse sur le devenir » de l'Algérie. Les journaux algériens indépendants ne se faisaient pas non plus trop d'illusion quant aux taux de participation, prévoyant à l'avance une abstention record. Le taux de participation devait être connu hier soir, et les premiers résultats allaient être dévoilés vendredi, par le ministère de l'Intérieur. Les Algériens de France ont aussi voté Le scrutin législatif pour les 800 000 Algériens de France, première communauté étrangère de l'Hexagone, avec plus de trois millions de personnes, a débuté. Les électeurs se répartissent en deux zones. La zone 1 comprend les circonscriptions consulaires de Paris, Strasbourg, Lille, Bobigny, Nanterre, Pontoise, Vitry-sur-Seine et Metz. La zone 2 inclut les circonscriptions de Marseille, Lyon, Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Montpellier, Nice, Saint-Etienne, Besançon. Quatre députés seront élus en France pour représenter leurs concitoyens à l'Assemblée populaire nationale à Alger, qui comptera 462 sièges. En tout, 44 partis, dont 21 nouveaux, et des indépendants étaient en lice pour ces législatives. Traditionnellement élevée en France, l'abstention risque de l'être encore plus cette fois-ci, dans la mesure où les électeurs n'ont eu que trois jours pour voter, contre six, d'habitude.