Le passage souterrain de la place des Nations Unies à Casablanca, plus connue sous le nom de Kora ardia (globe terrestre) est dans un état critique. Occupé par des sans domicile fixe, le lieu est livré à toutes les formes de délinquance. Le projet de réhabilitation de cette espace est en stand-by à cause du financement insuffisant et des travaux du tramway… Marginalisée par le conseil de la ville de Casablanca, Kora ardia, a perdu son charme traditionnel et a rapidement repris sa vie sauvage. Nous sommes à la place des Nations Unies, tout près de l'ancienne Médina, Bab Marrakech. A quelques mètres du souk, en face des commerçants subsahariens se trouvent Kora ardia, l'un des repères les plus célèbres de la ville pour tous les Casablancais. L'histoire du réaménagement de cet espace mythique remonte à 2001. Une réunion avait été tenue par le conseil de la ville afin d'étudier le projet de réaménagement du passage souterrain de Kora ardia. En 2005, les travaux démarrent. Après une année, l'espace recouvert à peine de marbre, aurait eu droit, d'après les affiches collées à l'époque, à un salon de thé, un snack, des kiosques, des toilettes et un poste de police. Mais depuis 2006, le projet n'a toujours pas vu le jour. A la vue des passants, Kora ardia semble même abandonnée. Contactés à maintes reprises pour nous éclairer sur l'état d'avancement de ce projet, le maire de la ville, Mohamed Sajid, ainsi que son attachée de presse restent injoignables. Budget faible, tramway prioritaire… « En 2005-2006, la préfecture de Casa-Anfa avait signé une convention avec la BMCI pour lancer le projet et aboutir à un réaménagement de qualité. Le montant destiné à ce projet s'élevait à 3 millions DH. Le conseil de la ville avait alors étudié le dossier et avait entamé les travaux pour la mise en exécution. Mais, malheureusement, à un certain moment, tout s'est arrêté ». Ahmed Ben Boujida, ex vice-président du maire de Casablanca, regrette énormément l'arrêt inattendu de la réhabilitation du passage de Kora ardia. Tout avait l'air propre et prêt à être opérationnel, mais deux problèmes ont surgi et le conseil de la ville de Casablanca n'avait pas bien fait ses prévisions. « Premièrement, le montant attribué au projet n'était vraiment pas suffisant. Deuxièmement, et ce qui a réellement bloqué la finalisation des travaux du passage Kora ardia, ce sont les travaux du tramway. Une fois qu'il sera en marche, sur ses rails, nous pourrons mettre à table le sujet de la rénovation du passage de la place des Nations Unies. », explique Ben Boujida. Kora ardia, entre fierté et honte casablancaises Marginalisée par le conseil de la ville de Casablanca, Kora ardia a perdu son charme traditionnel et son devenir moderne. Elle a rapidement repris sa vie sauvage. « C'est devenu un vrai dépotoir, une jungle. Les délinquants s'abritent là bas pour fumer, se droguer à la colle, boire, uriner sur les murs et agresser les gens. Ça pue et personne ne se donne la peine de dire que c'est révoltant, qu'il faut que ça change ! », fustige un chauffeur de taxi. En effet, plusieurs autres personnes interrogées ont avoué avoir peur de passer la nuit près de Kora ardia. Le taux d'insécurité étant élevé. « J'aime la place des Nations-Unis, mais ce passage qui autrefois représentait un symbole de fraternité et de rencontres et où on avait coutume de lancer des pièces de monnaie dans la fontaine, aujourd'hui, il est tout simplement nauséabond. Le conseil de la ville doit arrêter de nous prendre pour des imbéciles. Nous sommes des citoyens casablancais et nous avons le droit d'avoir un espace qui reflète notre image. C'est une honte ! La place de Kora ardia se situe à quelques mètres d'un hôtel très luxueux d'ailleurs. Je n'aimerais pas que les touristes, de leurs balcons, aient cette impression dégoûtante et une mauvaise image de nous, les Casablancais. », conclut un quinquagénaire. Beauté d'antan Difficile de visiter Casablanca sans passer par la Place des Nations Unies. Toutes les grandes voies s'y rejoignent. Hôtels, cinémas, banques, magasins à proximité de la place… Dans les années 80, le soir, la coupole avec sa fontaine illuminée se prêtait à la contemplation des passants. Mais l'histoire de la Place des Nations Unies remonte aux années 20. Cette place portait le nom de Place de l'Horloge en 1920. La tour de l'horloge, détruite en 1940 et dont la réplique parfaite a été reconstruite en 1990, surplombe la médina et rappelle à ceux qui flânent l'heure à vue d'œil.