C'est une salve d'applaudissements qui a récompensé la ferveur du jeune ministre PJDiste, El Habib Choubani. Sa mission s'annonce périlleuse et même impossible, pour les moins optimistes, mais le ministre chargé des relations avec le Parlement et la société civile ne se laissera pas faire. C'est une conviction qu'il a exprimée à l'occasion d'une conférence nationale organisée par l'Observatoire national des droits de l'électeur sur « le rôle de la société civile dans la législation », en déclarant son étonnement de voir des sommes faramineuses englouties, sans aucune justification, par et dans l'univers associatif. « Ce sont 8,8 milliards de dirhams et non de centimes qui ont été investis au sein de la société civile en 2007. Nous avons entre 60 000 et 70 000 associations, et plus de 80% de ce budget a profité à seulement 20% d'entre elles. Il est clair qu'il y a des dysfonctionnements ! », s'exclame le ministre, regrettant de constater que la culture de la bonne gouvernance au sein de la société civile marque une brillante absence. Où va l'argent ? La quête d'une remise à niveau n'aboutira pas dans les prochains jours. Choubani devra s'armer d'un long souffle et d'une volonté d'acier pour que la transparence devienne effective dans un univers qui s'apparenterait presque à de l'informel. Et pour cause, le peu de chiffres et de données dont dispose ce secteur précis. « Plus de 90% des associations n'établissent même pas de rapports financiers », souligne le ministre annonçant que son département a entamé la collecte de données en vue de se doter d'une base de données statistiques plus actuelle. « Au delà de 2007, nous n'avons pas de statistiques sur les années suivantes. Nous avons entamé la collecte de toutes les données nécessaires, pour mieux connaître ce qui se passe au sein de la société civile », affirme-t-il. Ce sera le premier pas décisif d'un long chemin, où la qualité et le rendement seront désormais prioritaires. « La société civile ne doit pas se limiter aux manifestations et protestations, elle doit pouvoir concevoir des propositions de loi et jouer un rôle constructif dans le dialogue national », estime le ministre. Constitution oblige, les associations profitent d'attributions plus larges, elles sont reconnues comme force. La société civile devra devenir le 5e pouvoir et pour cela, elle devra d'abord se remettre en question.