Le chef des rebelles caucasiens, Dokou Oumarov, avait menacé, le 14 février sur le site Kavkazcenter, utilisé par la rébellion islamiste : «Le sang ne sera pas uniquement versé dans nos villes et villages. La guerre arrivera dans leurs villes». C'est désormais chose faite avec les 39 morts et 64 blessés des attentats du métro de Moscou. «Les terroristes seront anéantis» : c'est la promesse de Vladimir Poutine. Le Premier ministre, ancien du KGB, reste fidèle à son image d'homme fort aux déclarations viriles. Un ton martial qui rappelle celui qu'il avait employé à l'automne 1999, pour le lancement de «l'opération anti-terroriste» de l'armée russe en Tchétchénie après une série d'attentats attribués aux indépendantistes de cette province. Il avait alors promis de «buter les terroristes jusque dans les chiottes». Quant au président russe, Boris Medvedev, après avoir annoncé que la lutte contre le terrorisme allait continuer «sans compromis et jusqu'au bout», il a provoqué une réunion d'urgence. «Il faut être vigilant. Il est évident que de tels actes sont bien planifiés, qu'ils ont pour but de faire beaucoup de victimes et de déstabiliser le pays», a-t-il déclaré. Les attentats ont été commis par «des groupes terroristes» qui seraient liés au Caucase qui regroupe la Tchétchénie, l'Ingouchie et le Dagestan. Un avis de recherche est lancé contre deux femmes qui auraient accompagné les terroristes candidats au suicide. «Après avoir regardé les vidéos des caméras, des indices ont été recueillis sur deux femmes qui ont accompagné les kamikazes jusqu'à l'entrée du métro. Elles sont recherchées», selon une source des services de sécurité. «Les terroristes seront anéantis», Vladimir Poutine. Pour les Russes, l'annonce du FSB (ex-KGB) que les kamikazes sont des femmes est une confirmation de la piste du Caucase du Nord et des militantes tchétchènes, surnommées les «veuves noires», qui ont déjà commis des attentats suicides pour venger leurs proches. Selon le centre américain d'analyse spécialisé IntelCenter, «la version la plus probable est que l'Emirat du Caucase dirigé par Dokou Oumarov est derrière» les attentats de Moscou. Ses membres ont menacés à deux reprises ces derniers mois de s'en prendre «à des civils russes à domicile», note-t-il. «Ce groupe a, à la fois, démontré sa capacité à mener ce genre d'attentat et en a exprimé l'intention», relève-t-il dans une note. Mais les attentats du métro démontrent aussi l'échec de la stratégie gouvernementale. «Les combattants caucasiens pratiquent, depuis 2007, l'islam le plus extrémiste (…) mais leur terrorisme canalise un mécontentement» général de la population, dont «les droits sont régulièrement foulés des pieds», estime Oleg Orlov, directeur de l'ONG Memorial. «Malgré les efforts du pouvoir pour établir un dialogue avec le Caucase du Nord, il n'y a toujours pas de changements visibles dans cette région», note Grigori Chvedov, chef du portail d'informations indépendant kavkaz-uzel.ru. «Les droits de l'Homme y sont toujours violés (…) ce qui renforce la base du terrorisme», dit Chvedov qui affirme craindre une poursuite des actes terroristes en dehors du Caucase. Même si plusieurs responsables russes estiment que les insurgés du Nord-Caucase, région qui regroupe la Tchétchénie, l'Ingouchie et le Dagestan, sont liés à Al Qaïda, de nombreux experts contestent cette idée. Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, n'a pas mentionné explicitement le réseau d'Oussama Ben Laden mais a déclaré que les auteurs de l'attentat de lundi pourraient avoir été aidés par des islamistes opérant à la frontière pakistano-afghane, un repaire de la nébuleuse islamiste. Le FSB a été à la pointe de la lutte, ces dernières années, contre les militants tchétchènes et indépendantistes, en Tchétchénie et dans le Caucase du Nord. Au cours des derniers mois, les forces de sécurité ont mené des opérations d'envergure dans le Caucase du Nord pour y traquer et tuer les rebelles d'obédience islamique. Pour rappel, le dernier attentat d'ampleur dans le métro de Moscou remonte au 6 février 2004, entre les stations Avtozavodskaïa et Paveletskaïa. 41 personnes avaient été tuées et 250 blessées. Auparavant, la capitale russe avait déjà été la cible d'attaques revendiquées par des militants tchétchènes, notamment lors du «septembre noir» de 1999 quand une série d'attentats firent près de 300 morts, et furent le prélude en octobre au deuxième conflit russo-tchétchène. Mais le double attentat du métro de Moscou est le premier attentat de ce type depuis six ans.