Un quart de siècle, c'est le temps qu'il a fallu avant qu'un ministre des Affaires étrangères marocain foule à nouveau le sol de l'ancien empire ottoman. On n'en sait pas trop les raisons, mais ce qui est sûr, c'est que Saad Dine El Otmani en est conscient, et l'a d'ailleurs répété à maintes reprises. Pour cela, il s'est attelé à rencontrer tout ce que la Turquie comptait comme hauts dirigeants, notamment l'homme fort Recep Taip Erdogan, le président Abdullah Gul, et son homologue aux Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. C'est avec ce dernier que le chef de la diplomatie marocaine a eu le plus d'entretiens, et un point presse a été organisé a l'issue d'un entretien privé entre les deux hommes. Selon le ministère des Affaires étrangères et de la coopération, les entretiens entre les deux chefs de la diplomatie « ont porté essentiellement sur les moyens de renforcer la coopération aux niveaux bilatéral et multilatéral ». En clair, il s'agit de relancer les échanges économiques entre les deux pays, en doublant les échanges commerciaux et en augmentant les bourses des étudiants marocains en Turquie. Les deux pays ont aussi « signé deux accords qui portent sur la promotion des Petites et moyennes entreprises (PME) ». Concernant le volet politique, ils ont mis l'accent sur l'urgence de relancer les concertations politiques entre les deux pays. Sans surprise, la Syrie n'était pas loin des discussions, les deux parties se sont félicitées de la concordance de vue des deux diplomaties, insistant sur le refus systématique de toute intervention militaire en Syrie. Amorcer un réel rapprochement Lundi, El Otmani a été reçu par le chef de l'exécutif turc Recep Taïp Erdogan. Ce dernier en a profité pour louer l'expérience réformatrice marocaine, « qui a réussi, dans un environnement régional perturbé, à mener à bien des réformes politiques, dans un climat emprunt de stabilité », a ajouté le n°1 de la diplomatie marocaine. Celui-ci a de même indiqué qu'il avait évoqué avec le Chef du gouvernement turc « les moyens de renforcer les relations de coopération entre le Maroc et la Turquie ». Par ailleurs, El Otmani a eu l'honneur d'avoir été reçu en audience, au palais présidentiel, par le président de la République turc Abdullah Gul. Ce dernier a profité de l'occasion pour louer, une fois de plus, les réformes engagées par le royaume, ainsi que « la sagesse et la clairvoyance du roi Mohammed VI », selon les propres propos du président. Il a aussi ajouté qu'il tenait à ce que les relations maroco-turques « restent solides et distinguées ». C'est ainsi que le Chef de la diplomatie marocaine a fait le tour des hauts responsables turcs, ou presque, puisqu'hier, il devait rencontrer le président du Parlement turc, Cemil Cicek, ultime étape de son périple de trois jours. Un périple qui, comme le souhaitent nos officiels, aura le mérite d'amorcer un réel rapprochement entre les deux pays, si proches mais si loin en même temps : deux anciennes civilisations, deux pays jaloux de leur indépendance et de leur rayonnement à l'international, et deux PJD au pouvoir !