Avant de s'envoler pour la Turquie, pour une visite officielle de trois jours, suite à une invitation de son homologue Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération Saad Dine El Otmani a reçu le leader du Conseil national de transition syrien (CNS) Burhan Ghalioun, samedi au siège du ministère à Rabat. Suite à cette rencontre, El Otmani a déclaré « que les deux parties ont passé en revue les derniers développements de la situation en Syrie, exprimant le soutien du Royaume au peuple syrien, et mettant en exergue les efforts déployés par le Maroc avec tous les partenaires, en particulier, dans le cadre de la Ligue arabe, en vue de mettre fin à la violence en Syrie » , précise un communiqué du ministère. El Otmani a de même saisi l'occasion pour réaffirmer la ligne officielle du Maroc, qui consiste en la promotion du « dialogue », plutôt qu'une solution armée, prônée par le même CNS. « Le Royaume du Maroc, en tant que seul pays arabe membre non permanent du Conseil de Sécurité, œuvre, à travers le dialogue, avec de nombreux pays influents pour trouver un règlement pacifique à la question syrienne », a d'ailleurs déclaré le ministre. Autre fait intéressant, l'absence de l'autre faction importante de l'opposition syrienne, à savoir l'Instance de coordination de la révolution syrienne (ICRS), qui elle, il y a trois semaines, avait accompagné le CNS lors d'une visite au siège du PJD. Tout sauf l'option militaire Toute la question est de savoir si la scission de l'opposition syrienne est consommée, sachant que l'ICRS, principalement constitué d'opposants de l'intérieur, est contre toute intervention militaire, craignant des déchirements interconfessionnelles. L'opposition syrienne ne parlant pas d'une seule voix, c'est ce qui semble motiver le Maroc, mais aussi la France par voix de son chef de la diplomatie Alain Juppé, de privilégier le dialogue à l'option militaire. Saad Dine El Otmani s'est alors envolé pour Ankara dimanche, pour une visite officielle de trois jours, lors desquels il discutera avec un panel de dirigeants turcs, notamment son homologue Ahmet Davutoglu, mais aussi l'homme fort de la Turquie Recep Taip Erdogan. Sachant que la Turquie est l'un des pays les plus concernés par la crise syrienne, il s'agira sans nul doute pour El Otmani d'échanger les points de vue concernant cette crise, qui a fait selon l'ONU, plus de 9 000 victimes. Contacté par Le Soir échos, un haut responsable au sein du ministère des Affaires étrangères nous a confirmé l'intention d'El Otmani de discuter de la crise syrienne, mais aussi de rencontrer des membres de l'opposition syrienne. « La question syrienne sera sans aucun doute fortement présente dans les discussions politiques que j'entamerais avec les officiels turcs », a d'ailleurs déclaré le chef de la diplomatie une fois à l'aéroport d'Ankara, ajoutant encore une fois que « la communauté internationale insiste sur l'obligation de continuer dans la recherche d'une solution pacifique à la résolution de la crise syrienne, en convainquant le régime syrien d'accepter une option politique », ajoutant que « toute intervention militaire en Syrie demeure intolérable ». Aligner les positions La Turquie, quant à elle, continue à écarter, du moins officiellement, l'éventualité d'une intervention militaire. Bien qu'elle accuse de temps à autre le régime syrien de « miner » les frontières les séparant, comme l'a d'ailleurs déclaré le vice-Premier ministre turc Besir Atalay. C'est donc dans ce contexte-là qu'El Otmani s'est rendu en Turquie, à un moment où la tension est à son comble. Sans doute souhaite-t-il aligner la position marocaine sur celle de la Turquie. Il a ainsi déclaré : « Nous allons examiner avec les officiels turcs toutes les propositions allant dans le sens du soutien au peuple syrien ainsi qu'à l'arrêt des violences », rappelant que « le Maroc et la Turquie travaillent à coordonner leurs positions concernant les dossier régionaux et internationaux, parmi elles la stabilité dans la région Afrique du Nord et Moyen Orient ». Pendant ce temps, le peuple syrien continue à vivre dans la terreur, les accrochages interconfessionnels se multiplient, et la guerre civile commence à pointer le bout de son nez.