«La situation économique et financière de l'Italie est très difficile actuellement et des mesures budgétaires sont prises pour redresser la barre », c'est ainsi que Piergiorgio Cherubini, ambassadeur d'Italie au Maroc, a débuté la rencontre organisée lundi 21 février à la CGEM par l'Institut italien pour le commerce extérieur. Pour ajouter que malgré la récession qui frappe l'Europe, l'Italie a pu tirer son épingle du jeu puisque les exportations ont bondi en décembre 2011 de 5,7 % par rapport à la même période en 2010 et de 11,4 % sur toute l'année 2011 par rapport à 2010. Un constat qui confirme la résilience de la 5e industrie manufacturière (en valeur ajoutée) dans le monde. Et pour l'ambassadeur italien de conclure son mot de bienvenue en invitant les entreprises marocaines à se rendre en Italie. Car, après tout, l'objectif de la rencontre est de présenter aux entreprises marocaines les salons, foires et différentes manifestations organisées en Italie et de les convaincre à les visiter. C'est dire que la diplomatie italienne s'est activée pour relancer ses relais de croissance en ces périodes de crise. L'objectif étant de booster leurs exportations, notamment vers le Maroc.
Des italiens mécontents « Plus de 500 entrepreneurs marocains ont été envoyés en 2011 en Italie pour visiter des salons. Nous allons renforcer ce volet pour vous faire découvrir nos produits », lance de son côté Giulio Frascatani, président de la Chambre de commerce italo-marocaine. Ceci dit, ce souci avancé par les responsables italiens d'attirer un grand nombre d'entreprises marocaines chez eux n'a pas été partagé par certains intervenants. En effet, après les discours officiels, plusieurs professionnels italiens ont témoigné de leur expérience au Maroc. Si nombre d'entre eux sont satisfaits, quelques uns n'ont pas mâché leurs mots. La langue d'abord ! « Il existe beaucoup de difficultés pour venir investir au Maroc. Je connais une vingtaine d'entreprises italiennes qui veulent venir mais ne peuvent pas, car elles ne trouvent pas de terrain », assène un professionnel italien de la construction immobilière. Selon lui, c'est impossible de siéger dans les zones industrielles, un endroit où la spéculation immobilière bat son plein. « c'est illogique. Les prix dans les zones industrielles sont démesurés. Ça devient plus cher qu'en zone normale », déclare-t-il. La solution selon un autre intervenant est de lancer une zone industrielle comme celle entreprise par la Chambre française du commerce et de l'industrie à Ouled Saleh. La réponse n'a pas tardé: « Nous avons déjà proposé un projet très innovant où il s'agit de bâtir une université, des logements, des bureaux pour les entreprises et une zone industrielle à Khouribga mais le ministre des finances de l'époque, Fathallah Oualalou, a carrément refusé ce projet », regrette l'ambassadeur. Quoi qu'il en soit, la diplomatie italienne compte renforcer ses liens commerciaux avec le Maroc. Ceci passe inéluctablement par le volet formation et information. Ainsi des cours de formation en langue italienne, en partenariat avec des universités italiennes, seront dispensés à des entrepreneurs marocains, a annoncé Frascatani. Pour sa part, Luca Attanasio, Consul Général d'Italie à Casablanca a annoncé que l'école italienne accueillera cette année le double des étudiants marocains, soit 650 étudiants. Il y aura également une présence renforcée des entreprises italiennes lors des salons SIAM à Meknès et Pollutec. 3 QUESTIONS À … Abdennasser Bouazza, président du Conseil d'affaires maroco-italien au sein de la CGEM. Quel est l'objectif de cette rencontre organisée à la CGEM ? La journée d'aujourd'hui a pour objectif de présenter les foires et les manifestations qui vont se tenir en Italie en 2012 pour attirer le maximum d'entreprises marocaines. Outre cet événement, ce qui m'intéresse le plus, c'est d'attirer les entrepreneurs italiens à venir investir au Maroc et créer des emplois. Notre bureau s'attelle actuellement à travailler dans le B to B avec une approche sectorielle. Et je peux vous dire que 2012 sera consacrée principalement au secteur agroalimentaire. Que représentent aujourd'hui les IDE italiens au Maroc ? Ils ne représentent pas grand chose. Aujourd'hui les italiens sont le 7e ou 8e investisseur au Maroc. Leur place naturelle doit être la troisième, juste après la France et l'Espagne. Donc il y a du travail à faire sur ce volet. Les italiens veulent investir au Maroc mais la langue pose un réel problème. Il faut avoir une volonté générale et une mobilisation collective au niveau des ministères impliqués (ministère du commerce et de l'Industrie, ministère du Commerce extérieur, ministère des Affaires étrangères) et l'AMDI (Agence marocaine de développement des investissements). Comment se comporte notre balance commerciale avec l'Italie ? Il y a un énorme écart. On importe beaucoup, mais on n'exporte pas autant. Là où on peut récupérer, c'est en attirant plus d'investisseurs, surtout avec la crise de l'Euro. On peut leur proposer une forme de délocalisation de certaines de leurs activités. Les secteurs les plus intéressants sont en premier lieu l'agroalimentaire, l'industrie et la machinerie, l'ameublement, le textile et cuir et puis il y a le secteur de l'énergie solaire où ils ont acquis une expertise notoire.