Les réalisateurs italiens Paolo et Vittorio Taviani ont triomphé face à leurs 17 concurrents en compétition au festival international du film de Berlin, fleuron des festivals de cinéma en Europe, aux côtés de Cannes et de Venise. Le jury, présidé par le cinéaste britannique Mike Leigh et dont font partie l'actrice Charlotte Gainsbourg, le comédien américain Jake Gyllenhaal et le réalisateur français François Ozon, ont décerné l'Ours d'Or aux frères Taviani, Paolo, âgé de 80 ans et Vittorio, âgé de 82 ans qui ont suivi un groupe de détenus dans la prison de Rebibbia dans la banlieue de Rome, alors qu'ils répétaient la pièce de Jules César pour une production initiée par la prison. L'Ours d'Or, qui aide à propulser des films tel Une separation de Asghar Farhadi, lauréat de l'Ours d'Or en 2011, vers des sommets internationaux, est le deuxième prix décerné aux deux italiens après la palme d'Or de Cannes, 35 années plus tôt, pour «Padre Padrone». Adaptation particulière de la pièce de William Shakespeare, César doit mourir était l'un des grands favoris de la Berlinale. Le prix du meilleur réalisateur a été décerné à l'Allemand Christian Petzold, pour son film Barbara, un autre grand favori du festival. Le Prix Spécial du jury a été décerné à Juste le vent, drame hongrois sur les violences faites aux Roms. Une affaire royale, film basé sur le scandale du 18e siècle qui avait éclaté au Danemark, a raflé deux prix, celui du meilleur acteur pour Mikkel Boe Folsgaard qui a campé le rôle du roi mentalement dérangé, et du meilleur scenario pour les deux co-scénaristes Nikolaj Arcel et Rasmus Heisterberg. Le prix de la meilleure actrice est revenu à la débutante congolaise Rachel Mwanza, talent sorti de l'ombre des quartiers de Kinshasa. Cet adolescente de 14 ans campe le rôle très convaincant d'un enfant-soldat dans le film Rebelle (War Witch), du réalisateur québécois Kim Nguyen. Tabu, sorte de vision, en noir et blanc, du Portugais Miguel Gomes a également séduit et a remporté le prix Alfred Bauer pour l'innovation. Un film qui s'est joué des conventions cinématographiques en mêlant le noir et le blanc, le son et le muet et le 35 mm avec le 16 mm. The Artist et Jean Dujardin, qui ont raflé tous les prix ces dernières semaines aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, n'étaient pas en compétition à Berlin. Un cru hybride Marquée par des films d'auteurs jeunes et percutants faisant honneur au cinéma indépendant international, ainsi que des films à fort impact politico-social dont notamment cette année des films sur la catastrophe de Fukushima, la Berlinale ne se détourne pas du glamour. A la veille du palmarès de sa 62e édition, le festival a accueilli de grosses pointures, notamment l'équipe formée par Robert Pattison, Angelina Jolie, Kristin Scott Thoma, Uma Thurman, Christina Ricci pour la première mondiale de Bel ami. Présenté hors compétition, Bel ami, drame d'époque adapté du roman éponyme de Guy de Maupassant, écrit en 1885, raconte l'ascension sociale de Georges Duroy, fils de paysans normands qui conquiert Paris par la seule force de son pouvoir de séduction auprès des femmes. Signalons que le film du Marocain Faouzi Bensaidi Mort à vendre a été présenté, en hors compétition, dans le cadre du festival, preuve que la Berlinale a toujours su concilier habilement le cinéma confirmé et les films d'auteur émergents. Tout en prônant les paillettes, le festival ne se détourne pas des vrais enjeux cinématographiques