Equité tarifaire ou préservation des intérêts commerciaux du constructeur automobile français Renault qui s'est lancé énergiquement dans son mégaprojet Renault Tanger Méditerranée, avec un investissement global de l'ordre de 1,2 milliard d'euros ? La question émane encore une fois du Groupement des importateurs de véhicules pour l'équité tarifaire (GIVET), lors d'une rencontre avec la presse, mardi à Casablanca. Ce dernier monte de nouveau au créneau pour réitérer ses revendications pour une meilleure équité tarifaire entre les véhicules d'origine européenne et ceux non européens. D'autant plus, qu'à l'approche de 2012, année où les droits d'importation sur les modèles européens seront réduits à 0%, la menace pèse sérieusement et doublement. Primo sur leur compétitivité et leur marge. Secundo, «c'est notre existence même qui est en jeu», aux dires de Adil Bennani, président du groupe GIVET. En 2012, le différentiel entre les véhicules d'origine européenne et ceux asiatiques sera de 17,5%. Et pour preuve, les importateurs de véhicules européens ont gagné en 2009 une part de marché de 6%, grimpant ainsi de 45% en 2008 à 51%, aux dépens, bien sûr, des importateurs non européens. «Cette érosion va en s'accentuant jusqu'en 2012 où la réduction progressive des droits de douane sur les modèles non européens baisseront à 17,5%. Et c'est là exactement le nœud du problème. Pourquoi maintenir ce gap et ce différentiel de 17,5% sur les droits de douane ? Pourquoi, c'est 17,5% et pas 20 ou même 10% ?», s'interroge le top management de Toyota Maroc. La réponse nous renvoie, ipso facto, à notre première question par laquelle on a attaqué le sujet. «On protége l'Union européenne car elle investit ? Pour moi c'est un non sens…», déplore haut et fort Bennani. «Nous ne sommes pas contre l'UE et à l'idée que ses produits jouissent de certains avantages au Maroc. L'idée c'est qu'on les protége plus que ne le font eux-mêmes sur leur marché», explique-t-il. Et pour appuyer ses arguments, il donne l'exemple de la France et de la Turquie, un marché de 600.000 véhicules par an. «Ces deux pays appliquent un droit de 10% aux importations en provenance de pays tiers. On fait même pire que nos voisins algériens (250.000 véhicules par an). Protéger son industrie locale est donc un faux débat», fait-il remarquer. Ce débat houleux nous amène à nous interroger sur la part de responsabilité du ministère de tutelle qui a fait, jusque-là, la sourde oreille. «Pour connaître ses arguments, on a contacté le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. Malheureusement Ahmed Réda Chami en personne n'a pas voulu nous rencontrer». Comme d'habitude, Chami était franc et clair sur cette question: «Tant que je suis à la tête de ce ministère, vous n'aurez rien (GIVET)», avait-il déclaré au Soir échos il y a quelques mois. Pis encore, «dans le cas où je vous accorderais des avantages par rapport à vos concurrents européens, il faudrait alors me demander de changer de métier», nous confiait-il. Par ailleurs, la défense des intérêts économiques des Européens n'est pas le seul argument mis en avant par le gouvernement. Il y a aussi la question de l'homologation. «C'est le flou le plus artistique», réplique Bennani. C'est le problème de sécurité des véhicules en provenance de l'Asie qui se pose avec acuité. «Donnez-nous des preuves écrites attestant et certifiant la validité et la crédibilité de vos propos, pour que nous, à notre tour, puissions les présenter à nos fournisseurs», martèle-t-il. Le comble est atteint lorsque le terme «sécurité», introduit expressément dans l'un des articles du Code de la route, est utilisé dans l'ambiguité totale, selon Bennani. A ses yeux, cet article n'est pas formel. D'ailleurs et dans ce sens le GIVET a adressé à Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et des transports une demande d'explications, voire une entrevue. Bref, le GIVET ne semble pas décidé à baisser les bras et «l'espoir fait vivre», comme a dit Bennani. GIVET : Objectif Max 10 Pour arriver à une solution satisfaisante pour toutes les parties prenantes, le GIVET propose le juste milieu par l'application d'un différentiel de 10% de droits de douane pour tous les véhicules non-européens au lieu de 17,5% prévus à partir de 2012. A l'origine de ce différentiel (Objectif Max 10), des études économiques qui se sont basées sur plusieurs scénarios effectués par le cabinet indépendant, Mazars. Pourquoi Objectif Max 10? Les avantages d'un tel différentiel vont de la pression des prix vers le bas pour l'ensemble des acteurs pour le profit du consommateur, jusqu'au plus grand choix en entrée de gamme en passant par des VUL moins chers avec plus d'équité et plus de revenus pour l'Etat. Le GIVET a donc concocté un plan d'action axé sur la sensibilisation des pouvoirs publics quant à la nécessité de maintenir un environnement concurrentiel équitable. Tout cela à travers trois volets : politique, diplomatique et communicationnel. Pour le premier, et pour ne citer que ce cas, il s'agit de la sensibilisation de la commission des Finances au Parlement et prendre un contact direct avec les différents ministères.