Le programme de la 16e édition du festival de Fès des musiques sacrées est fin prêt. Au menu de ce cru 2010 prévu du 4 au 12 juin prochain, les organisateurs ont choisi le thème fédérateur du voyage initiatique. «C'est l'occasion de rappeler combien l'étape de Fès a été importante dans les voyages initiatiques de grands penseurs comme Averroès, Maimonide, Ibn Arabi, Ibn Khaldoun ou Ibn Batouta », souligne Mohamed Kabbaj le directeur du festival. Plusieurs musiciens, dont la plupart viendront d'Asie, se relaieront sur scène pour interpréter chacun à sa manière ce voyage initiatique. Cet événement, après avoir flirté pendant longtemps avec des musiques du monde souvent pas très soufies, revient à son concept d'origine celui des musiques traditionnelles sacrées. Venus des Caraïbes, avec les tambours Ka de la Guadeloupe, les Maîtres Tambours du Burundi divulgueront leurs rythmes cérémoniels auprès des jazzmen David Murray et Archie Shepp. Véritables patrimoines de l'humanité, les arts traditionnels sont le dernier abri du surnaturel et prolongent la beauté antique du geste révélé, tout comme celui, gracieux, des Apsaras descendues du ciel, les danseuses déesses du Ballet royal du Cambodge, ou celui des enfants danseurs Gotipuas des temples hindous de l'Orissa, ou encore celui, lancinant, des rituels soufis de Zanzibar. Cette île sera à une certaine époque la pierre angulaire de l'esclavage des peuples d'Afrique ; une Afrique, qui verra ainsi sa culture et sa foi se prolonger à travers le soufisme de l'Océan Indien ou le gospel d'une Amérique noire incarnée par des artistes comme The Blind Boys of Alabama, source d'inspiration pour des musiciens contemporains, à commencer par Ben Harper. Face aux religions monothéistes chrétienne et musulmane, les croyances ancestrales, comme celles des Maîtres Tambours du Burundi, continuent à se transmettre. Venus des Caraïbes, avec les tambours Ka de la Guadeloupe, ces maîtres divulgueront leurs rythmes cérémoniels auprès des jazzmen David Murray et Archie Shepp. Sous la nuit étoilée, il sera permis de se perdre le temps d'une soirée, dans le labyrinthe de ruelles devenues planétaires, de la synagogue du mellah à Dar Tazi. Cette synagogue entre pour la première fois dans la carte des sites du festival. Ce parcours, à la fois ludique et initiatique, sera une invitation à découvrir un autre Orient : celui, nomade, des steppes de Mongolie ou des plaines d'Anatolie ; celui, mystique, des grands fleuves comme le Nil où le sacré rime avec festivité. De Kaboul à Constantinople, la musique des grandes cités sera également mise en lumière. Célébrer Al Qods, la ville aux trois religions avec Jordi Savall ou goûter à l'ancienne musique juive de Bagdad, sont d'autres manières de découvrir la richesse et le rôle culturel des grandes cités historiques. Alain Weber remplace Gérard Kurdjian Gérard Kurdjian quitte pour la 2e fois la direction artistique du festival de Fès des musiques sacrées. C'est Alain Weber qui le remplace pour cette édition 2010. Ce compositeur français est connu pour avoir été directeur artistique du célèbre festival Les Orientales. Il entreprit ses études au Conservatoire de Paris dès 1941. Premier Grand Prix de Rome en 1952, il obtint la même année le prix Sogeda pour son ballet Le Petit Jeu. Chargé de cours au Conservatoire de Paris dès 1957, il y enseigna la préparation au professorat, le solfège et le contrepoint, puis il assura en 1970 la fonction de professeur conseiller aux études. Le Grand Prix du disque français lui a été décerné en 1982 pour son œuvre télévisée La Rivière Perdue. Président de nombreux jurys, il fut également membre de la commission symphonique de la SACEM (1980-83), puis du comité de lecture de Radio France.