Le Maroc regorge de déchets agricoles à même de produire de l'énergie, permettant une économie annuelle de 0,47 million de tonnes de pétrole pour les seules régions étudiées, celles de Souss-Massa-Daraa et du Nord. Plombé par une facture énergétique de plus en plus chère, le Maroc s'est engagé dans un processus de diversification de ses ressources, et celles-ci ne concernent pas uniquement le solaire et l'éolien. La biomasse, ensemble de la matière organique, d'origine végétale ou animale, susceptible de se transformer en énergie, occupe dans ce projet une place prépondérante. En effet, les objectifs y afférents sont la mise en place de capacité de production de 300 mégawatt en 2012 afin d'atteindre une capacité de 1 400 mégawatt en 2020. Dans ce cadre, la CMPP, en partenariat avec le Département d'Etat des Etats-Unis, a tenu une table ronde, mardi dernier. À cette occasion, Saïd Mouline, président de la Commission développement durable de la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a souligné que «qui dit biomasse, dit potentiel, notamment au niveau de la valorisation mais aussi en termes d'économies». En effet, selon une étude réalisée dans le cadre du plan bleu, le Maroc dispose d'un potentiel de biomasse considérable avec un domaine forestier de plus de 5 350 000 ha, d'étendues de Halfa de près de 3 300 000 ha, d'une surface agricole de près de 9 000 000 ha et d'un cheptel avoisinant les 7 millions d'unités de grand bétail. Toutefois, l'étude précise que seule la ressource bois est aujourd'hui mobilisée. A juste titre Mouline attire l'attention sur le fait que «les autres composantes de la biomasse sont utilisées de manière anarchique. L'objectif que la commission cherche à atteindre est d'organiser cette exploitation tout en respectant les principes du programme d'efficacité énergétique». Cette démarche ne pourra se faire sans identification du potentiel d'activité, branche par branche. A ce titre, Mouline a souligné que «le travail de la commission s'inscrit dans une optique d'étude région par région pour identifier ce potentiel». Pour l'heure, deux régions ont été passées au peigne fin afin de déterminer leur potentiel énergétique. Il s'agit de la région du Nord ainsi que celle du Souss-Massa-Daraa. Ces deux régions à vocation agricole, génèrent chacune des déchets agricoles de l'ordre de 1,3 millions tonnes par an et 8 198 tonnes par an. La valorisation de ces déchets fait ressortir un potentiel de 417 806 Mwh dans la première région, soit une économie de 0,33 million de tonnes de pétrole. La région du Souss-Massa-Daraa, eu égard à la composante de ses déchets agricoles, est susceptible de produire 1,7 Gwh, soit l'équivalent de 143 871 tonnes de pétrole. «Cette dernière étude, réalisée par l'Aderee en collaboration avec GTZ, a identifié un certain nombre de projets d'investissement », souligne Mohammed El Haouari, directeur du pôle efficacité énergétique et énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (Aderee). Par ailleurs, le président de la commission développement durable de la CGEM a insisté sur le fait que même si le potentiel existe, il n'est pas évident de l'exploiter. «Le potentiel est une chose, le modèle économique en est une autre», avait-il martelé. Car pour un investisseur donné ce ne sont pas seulement les procédés d'exploitation qui importent, mais aussi leurs coûts ainsi que leur rentabilité à travers notamment la fixation des prix. En attendant le choix du modèle adéquat, El Haouari a précisé que d'autres études sont menées au niveau des régions de Meknès-Tafilalt et de Rabat-Salé-Zemmour Zair.