Le Maroc est pionnier dans les énergies renouvelables en Afrique. Pourtant, les biomasses sont encore mal connues des ménages, alors que cette énergie provient de leurs déchets. Jamal Morchadi, expert des énergies renouvelables et directeur de la société Maroc Energies Renouvelables à Rabat, fait la lumière sur ce secteur. Que sont les biomasses ? Elles regroupent l'ensemble des énergies provenant de la dégradation de la matière organique. Il existe donc différentes formes de production d'énergie à partir des biomasses, comme la combustion directe, qui est la méthode la plus ancienne pour produire de l'énergie consistant à brûler la biomasse. Il y a aussi la cocuisson qui permet de brûler la biomasse avec du charbon dans les chaudières de centrales traditionnelles. On peut également citer la gazéification, une méthode se basant sur le chauffage de la biomasse solide à des températures élevées, dans un environnement dépourvu d'oxygène, afin de produire un gaz combustible. La pyrolyse, quant à elle, vise à produire un fluide dont les caractéristiques sont semblables à l'huile; « l'huile biologique » peut être utilisée comme du pétrole. En dernier, il y a la fermentation anaérobie, qui est la production de biogaz suite à une digestion anaérobie de la matière organique par les bactéries anaérobies (qui peuvent vivre sans oxygène, ndlr). « Il faut sensibiliser et encadrer la population sur les biomasses ». Comment se présente ce secteur au Maroc ? Le Maroc dispose d'un grand gisement de biomasse non valorisé. Le potentiel énergétique qui peut être produit par cette source peut atteindre 950 MW si on compte les biomasses résiduelles des municipalités, du secteur agricole et de l'industrie. C'est un secteur rentable, qui demande une attention particulière en ce qui concerne l'instauration des notions de tri à la source, et d'encouragement à la sylviculture (entretien et exploitation des forêts, ndlr), afin de mieux exploiter cette source importante et extrêmement rentable. Qu'est-ce qui est déjà fait dans ce domaine par le gouvernement ? Ces dernières années, on a remarqué une grande prise de conscience sur l'exploitation de la biomasse, avec la mise en œuvre de plusieurs décharges contrôlées et l'instauration des notions de tri à la source, chez les habitants des nouvelles villes, sans oublier les efforts fournis en ce qui concerne la valorisation des déchets des stations d'épuration. On a l'impression que les biomasses ne sont pas aussi bien promues que les énergies solaire ou éolienne. Pourquoi ? L'énergie solaire et l'éolien connaissent un grand progrès à l'échelle nationale, plus que les biomasses, vu leurs facilité d'exploitation et de mise en œuvre, contrairement à la biomasse qui a besoin d'un tri précis et d'un conditionnement spécial. Y a-t-il déjà eu des projets d'envergure dans ce sens ? Oui, l'Etat marocain est en train d'œuvrer dans ce sens. Face au déséquilibre écologique engendré par l'exploitation irrationnelle des forêts dans certaines régions du Maroc, que préconisez-vous ? Comme tout autre problème, le premier maillon des solutions réside dans la sensibilisation des gens, suivie de l'encouragement à l'utilisation d'autres combustibles. Comme on l'a déjà mentionné, l'énergie peut être produite à partir de n'importe quelle matière organique et pas seulement du bois. On peut prendre l'exemple du grignon issu de l'extraction d'huile d'olive et doté d'un bon pouvoir calorifique, qui est d'ailleurs très utilisé dans certaines régions du pays. Le deuxième point important est l'encouragement du tri à la source. Les déchets chimiques ou toxiques (des piles par exemple) rendent la tâche de la valorisation très difficile, en plus, le taux d'humidité de nos déchets est très élevé. Ce qui nécessite une énergie de plus pour le séchage avant l'exploitation. Sensibiliser et encadrer la population sont des évidences.