Barak Obama serait-il le premier président des USA à visiter le Maroc depuis plus de 50 ans ? C'est du moins ce qu'a assuré l'ambassadeur des USA à Rabat, lors d'une rencontre, jeudi dernier à Casablanca. «Lorsque, en septembre dernier, nous avons été reçus, ma femme et moi par le président, il nous a assurés qu'il allait venir au Maroc», affirme le diplomate américain. «Je vais venir au Maroc», aurait lancé le président US, soutient Samuel Kaplan. Aussi alliés soit-ils et aussi solide soit l'amitié qui lie les deux pays, aucun président ne s'est rendu en visite officielle au Maroc depuis D. Eisenhower en décembre 1959. «Pourquoi durant ces 50 dernières années, à l'exception de deux visites de vice-présidents, aucun président des Etats-Unis n'a effectué de visite officielle au Maroc ?». La question, qui a fusé parmi l'assistance à cette rencontre, était supposée embarrasser le diplomate. Tout le monde guettait sa réaction. «Le Maroc et les USA doivent se fier l'un à l'autre». Il n'en fut rien. Il fait calmement son annonce. Cela après avoir dénoncé une nouvelle fois, l'expulsion des citoyens US suite à la récente affaire de prosélytisme. L'ambassadeur n'a pas changé sa position d'un iota, malgré les différentes sorties virulente du ministre de la Communication Khalid Naciri. «La loi marocaine interdit le prosélytisme, ce qui n'est pas le cas aux USA. Les citoyens américains installés au Maroc se doivent de respecter la loi marocaine», précise l'ambassadeur. Toutefois, «nous aurions aimé voir traduire en justice les personnes mises en cause. Elles ont le droit à un procès pour qu'elles puissent faire face aux charges retenues contre elles. Et si la justice décide qu'elles doivent quitter le territoire marocain, eh bien, qu'il en soit ainsi», lance, un tantinet irrité le diplomate américaine. Après tout, le discours officiel ne cesse-t-il de ressasser que nous vivons dans un Etat de droit ? Faute d'un procès, qui, selon le ministre de la Communication, pourrait donner à la question une dimension qu'elle ne supporte pas, l'ambassadeur exige que «les personnes concernées aient au moins un peu de temps, deux ou trois semaines, pour faire leurs bagages», s'indigne l'ambassadeur. Autre différend qui oppose actuellement l'Ambassade aux autorités marocaines : une question de fiscalité au centre de laquelle se trouve le personnel marocain de la représentation diplomatique. Le fisc réclame en effet plusieurs années d'arriérés d'impôts (impôt sur le revenu) au personnel de l'Ambassade et ses dépendances. L'ambassadeur affirme que l'usage veut que la représentation diplomatique ne paie pas de taxe «mais ce n'est pas le cas pour le personnel marocain qu'elle emploie». C'est «un thème très sensible», dit-il. Aussi, l'ambassadeur appelle-t-il les autorités à «accorder une amnestie fiscale aux personnes concernées et repartir de zéro». Pour le reste, le diplomate réitère sa conviction que le Maroc et les USA «doivent se fier l'un à l'autre». Il fixe comme domaine de coopération la défense, la lutte contre le terrorisme, l'économie et la culture. Pour ce qui est du Sahara, il estime que si «la question est dans la tête des Algériens, elle est dans l'âme des Marocains». Il rappelle la position officielle de son pays et affirme qu'une solution au conflit ne peut être envisagée que sous l'égide de l'ONU. Pour la régionalisation, l'ambassadeur estime que «c'est une bonne idée». Pour finir, Samuel Kaplan rappelle que dans les régions les plus reculées du royaume, s'activent quelque 200 membres de corps de la paix (Peace Corps) qui continuent à apporter leur contribution au développement du pays. Préoccupations : Les autres d'abord ! Les Marocains, certaines de leur élites en particulier, ont une drôle de conception de la proximité. Lors de cette rencontre organisée dans un palace de Casablanca, la majorité des questions posées par l'assistance ne concernait pas le Maroc, encore moins le Maghreb. Ce sont l'Irak et la Palestine qui suscitent l'inquiétude des Marocains. En guise de réponse, l'ambassadeur a tout bonnement choisi d'éluder ce genre de question pour se concentrer sur le sujet du jour : Les relations maroco-américaines. Le diplomate a toutefois survolé les questions de l'Irak, le Proche-Orient et l'Afghanistan en guise d'aperçu sur la politique étrangère US dans la région. Cela avant de préciser ce sont le système de santé et le chômage galopant aux USA qui accaparent toute l'attention du président pour le moment. «Et il ne faut pas lui mettre plus de pression qu'il ne peut supporter», conclut-il.