Le 27 mars prochain, une nouvelle association des droits de l'Homme devra voir le jour. C'est une initiative de quelques transfuges de l'AMDH et de syndicalistes. Le congrès constitutif de cette ONG, initialement prévu pour le 27 février dernier, verra « la participation de 150 personnes en provenance de toutes les régions du royaume. Toutes les sensibilités politiques sont présentées dans le comité préparatoire de la future association», déclare Driss Sedraoui. Selon certaines indiscrétions, l'homme, de surcroît secrétaire général de l'ODT/ONEP, est pressenti pour occuper la présidence de cette ONG. «Notre objectif est la défense de la citoyenneté, le respect des droits de l'Homme, l'amour de la patrie et l'action pour le bien de la société sans buts politiques», poursuit-il. Des idéaux qui sont partagés par la plupart des enseignes qui travaillent sous la large bannière des droits de l'Homme. Contrairement à l'AMDH, Driss Sedraoui assure que son ONG «respecte les fondements du peuple marocain notamment le respect de la religion musulmane et l'intégrité territoriale». Voilà un point, il y en a un autre, qui la différencie totalement des camarades de Khadija Riadi et qui permettra à coup sûr au nouveau-né de bénéficier dès ses premiers pas de la bienveillance de l'Etat. En effet, le soutien manifeste de l'AMDH à la cause des polisariens de l'intérieur et au-delà au Polisario est à l'origine de divisions au sein de cette ONG. Preuve, les vifs débats au sein même du bureau de l'Association suite à l'arrestation, septembre dernier, de Ali Salem Tamek & Co pour intelligence avec une partie étrangère. L'autre point qui sépare la future association de celle de l'AMDH ou dans une certaine mesure l'OMDH d'Amina Bouayyache est la question des homosexuels. Driss Sedraoui affirme sans ambages que son ONG «est tout à fait contre le soutien à ces gens-là. Nous les considérons comme des personnes malades qui devraient être soignées dans des établissements spécialisés et non les défendre pour qu'ils aient des droits». «Notre association est issue d'une société musulmane et c'est normal que nous ayons le même avis que les islamistes», clame Driss Sedraoui. Un discours parfaitement en phase avec celui prôné par les mouvements d'obédience islamiste. «Notre Association est issue d'une société musulmane et c'est normal que nous ayons le même avis que les islamistes», clame Driss Sedraoui. Concernant, les ressources financières pour mener à bien les travaux du congrès constitutif de la future ONG, Sedraoui affirme que «chaque congressiste apportera 100 DH de contribution au budget, c'est le minimum. D'autres membres vont donner plus». Et d'ajouter : «nous n'avons pas l'intention de demander de l'aide d'aucune partie marocaine ou étrangère». En guise de conclusion, Sedraoui refuse que son ONG soit étiquetée comme un relais du parti socialiste d'Abdelmajid Bouzoubaâ. Par ailleurs, notre interlocuteur rejette toute proximité de son Association avec le PAM. «Nous ne pouvons accepter l'adhésion de personnes ou de parties accusées d'atteintes aux droits de l'Homme. Fouad Ali El Himma en est une, estime Sedraoui. Il est responsable des violations commises au lendemain des attentats de Casablanca en 2003 et subies par les salafistes du temps où il était ministre délégué à l'Intérieur». ONG : L'effervescence Combien sont-elles? Difficile de dresser un tableau exhaustif des enseignes qui travaillent sous la bannière des droits de l'Homme. Un filon d'une extrême importance. Les partis politiques ont été les premiers à investir le créneau en créant leurs propres antennes. L'USFP, l'Istiqlal, le PADS, Annahj Addimocrati et tout récemment le PJD s'est joint au peloton en faisant main basse sur le Forum Al Karama, fondé initialement par l'avocat Khalil Idrissi. Les mouvements d'autonomie au Rif et au Souss ont également mis en place des relais des droits de l'Homme. Sur le terrain, nombreuses sont en effet, les ONG qui ont opté pour l'hibernation qui ne dure pas que l'hiver mais qui s'installe confortablement dans la durée. Cette effervescence a le mérite de baliser la voie à certains membres de direction de ces associations pour une place au CCDH (le Conseil consultatif des droits de l'Homme) ou mener une ligne totalement «refuznik» qui octroie une reconnaissance internationale et pourquoi pas recevoir des Prix. Même sur ce point, les ONG internationales ont davantage primé les polisariens de l'intérieur que les militants des droits de l'Homme.