Lundi, armés d'épées et d'explosifs, des hommes cagoulés ont forcé la porte de l'université Cadi Ayyad de Marrakech. Objectif : empêcher les étudiants de passer les examens prévus cette semaine et présenter une série de revendications. Une drôle de manière de revendiquer ses droits. « Madame la doyenne de la faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech tient à informer Messieurs et Mesdames les enseignants distingués ainsi que les étudiants que les examens de la session d'automne (session ordinaire) débutera le lundi 16 janvier 2012. Madame la doyenne tient notamment à préciser à Messieurs et Mesdames les enseignants distingués ainsi que les étudiants que les programmations détaillées des examens par matières sont à leur disposition au bureau des sections ». Ce message, lu sur le site de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech, ne devait être rien de plus qu'une note de routine. Mais des étudiants ont décidé que les dates énoncées seraient le prétexte pour une sortie digne plus du hoologanisme sportif que de la (paisible) vie estudiantine. Laxisme et conséquences Lundi, la scène était tragique, près d'une cinquantaine d'étudiants cagoulés et armés d'explosifs et d'épées, ont assiégé l'Université Cadi Ayyad. D'après des témoins oculaires, « ces cagoulés feraient parti de l'extrême gauche et auraient menacé les étudiants qui passeraient les examens ce jour-là. Ils les auraient même obligés de quitté l'enceinte de l'université afin d'obtenir un nouveau report des examens». « Il s'agit d'ex-étudiants qui ont fait de la prison et qui sont venus perturber le bon déroulement des examens », affirme d'emblée le doyen de l'université. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que l'administration se retrouve dans une sorte de marchandage pour le report des examens. « Tout d'abord, les examens étaient prévues pour le 29 décembre 2011. Mais après l'insistance des étudiants, qui prétextaient ne pas être prêts pour passer les épreuves, nous avons accepté de les reporter pour le 9 janvier. Le même scénario s'est reproduit une 3e fois ; les étudiants demandent à ce qu'on reporte encore une fois les examens pour le 16 janvier», témoigne le doyen. Heureusement, il n'y a pas eu de mort, mais le secrétaire général de la faculté a été agressé. Certains étudiants ont même accusé les responsables de l'université « d'être la cause de cet incident, car s'ils avaient fait de nouvelles concessions, nul n'aurait été intimidé… » . Un argument d'autant plus faible que d'autres étudiants en appellent, au contraire, à plus de fermeté et pointent du doigt le laxisme et la nonchalance des forces de l'ordre qui ne sont pas intervenues lors de cet incident. Rappelons que les étudiants de l'extrême gauche de l'Université de Cadi Ayyad avaient entamé un sit-in, une semaine avant le 16 janvier, pour être entendus, en vain. Une enquête serait en cours pour rassembler plus de détails. Affaire à suivre.